Pharaon de Winter – ‘France Forêts’

Pharaon de Winter – ‘France Forêts’

Album / Vietnam / 22.10.2021
Pop française

France Forêts, ou comment faire d’un fait divers des plus glauques le point de départ d’un nouvel album à la joie communicative. Un hiver des années 90, Maxime Chamoux – locomotive du groupe Pharaon de Winter – joue sur un terrain boueux près d’Auxerre, tout près de l’endroit ou l’une des victimes du tristement célèbre Emile Louis sera déterrée quelques mois plus tard. Les années passent et, comme poussé par une soudaine prise de conscience, l’auteur se sert de ce traumastisme pour allumer la mèche d’une nouvelle salve de chansons marquée, au même titre que ses précédents projets, du mariage des mélodies de la variété seventies et de l’indie rock pointu.

Car c’est bien entre ces deux parenthèses que l’on jurerait antinomiques que Pharaon de Winter éclabousse de son talent de composition. Sur la base d’un piano (L’Habitacle), de fins synthés (La Place du Chien), de cordes (L’Aventurière), de mélodies aussi généreuses que du double face collé au bout des doigts (La Vidéo, Quart Nord-Est), le groupe aligne 10 titres d’une pop subtilement arrangée, ou rien est laissé au hasard. Musicalement comme au niveau des textes faisant volontairement référence à une poignée de criminels bien identifiés pour y faire un parallèle avec le mal s’immisçant dans notre quotidien, France Forêts prend soin de creuser lui aussi un fossé – que l’on peut néanmoins enjamber avec un peu de souplesse et d’imagination – avec les productions françaises actuelles qui n’ont pas son authenticité.

Car aux rondeurs et aux grooves qui pullulent sur les radios comme sur le plateau de Quotidien, Pharaon de Winter préfère un son brut et vrai, histoire d’ôter un dernier voile sur des compositions riches et profondes (Une Statue Pour Nigel), mises le plus souvent à distance de toute prétention par leur caractère généralement guilleret et dansant, pour le moins fédérateur (L’Habitacle, La Vidéo, On Parle de Toi).

En quelques tours de manche en effet, y compris lors de chansons plus apaisées toutes aussi bénéfiques à l’album (Jourdain, L’Homme de la Maison), le groupe sonne la réunification des générations, des puristes avec ceux qui ne voient en la musique qu’un entertainment. Aussi bizarre que cela puisse paraitre au sein de nos pages, vous l’aurez compris : Pharaon de Winter pourrait bien s’inviter à table le dimanche midi, et faire chanter d’un même choeur et sans la moindre ringardise les fans de Michel Berger, Deerhunter, William Sheller, Clara Luciani, et Gang of Four. Préparez-vous à avouer aimer la chanson française.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
L’Habitacle, La Vidéo, Quart Nord-Est, On Parle de Toi, Fuge Late Tace


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