Perfume Genius – ‘Glory’

Perfume Genius – ‘Glory’

Album / Matador / 28.03.2025
Indie pop

Passer des saisons moches aux jours de gloire : l’opposition apparente entre le titre du nouvel album de Perfume Genius, Glory, et celui de son prédécesseur, Ugly Season, semble annoncer comme une éclaircie au sein d’une discographie oscillant depuis toujours entre aspirations pop et introspections sombres. Ce contrepoint, qui pourrait passer pour une bipolarité esthétique, représente surtout l’amplitude des dispositions du génie Mike Hadreas. La pochette signée par l’artiste Ssion – une photo représentant un cadavre écrasé au sol, les yeux ouverts – affiche aussi d’entrée ce grand écart, tout en allant à l’encontre de toute image d’Epinal ou de représentation de la gloire. Et si la démarche trouvait également écho dans le choix des premiers singles, It’s a Mirror et No Front Teeth (feat Aldous Harding), certes les plus pop et radiophoniques de l’album, mais également ceux illustrant le moins la grandeur et la profondeur de ce nouvel opus ?

Alors que le sensible Me & Angel nous ramène aux premiers albums habités, interprétés en piano voix, de Perfume Genius, Clean Heart apporte lui son lot de sonorités singulières avec ses arrangements de percussions mélodiques à hauteurs et timbres variables. Ce dernier aperçu livré avant l’album continue d’ouvrir le spectre sonore entrebâillé par Ugly Season, fruit d’une collaboration artistique avec la chorégraphe Kate Wallitch, et dévoile le caractère ciselé de l’ensemble, tout en précisions et subtilités incontestablement mises en relief par la voix d’Hadreas. On la savait touchante, jusqu’à hérisser les poils. Sa récente reprise du Point Of Disgust de Low, en duo avec Alan Sparhawk, sur lequel il reprend les parties de feu Mimi Parker poussa même le curseur jusqu’aux larmes tant il y rivalise en technique comme en émotions avec la défunte.

Si les albums précédents pouvaient suivre des orientations pop (Too Bright, 2013), voire revêtir des parures RnB ou Soul (No Shape, 2017), tous étaient liés par une même direction artistique. Nourri aux explorations sonores de son prédecesseur, Glory fait exception, sort des rails pour ne conserver que l’âme des compositions et laisser jaillir une lumière inondant de clarté toute l’obscurité qui l’entoure. Comme un maitre du clair-obscur musical donc, Mike Hadreas nous entraine avec le lumineux Capezio puis le claustrophobe In A Row, dans de sombres abysses pour mieux nous en extirper lors d’une fin de course toute en scintillements, soulignée par l’étincelante production de Blake Mills accordant l’espace suffisant aux arrangements garants de la singularité, et donc de la réussite de ce septième opus qui se termine sur ces mots : ‘Now in quiet glory, Finding shade‘. On attend impatiemment la version live de ces rayonnements.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Clean Heart, Left For Tomorrow, Capezio, Dion, In A Row

EN CONCERT

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