PÉNICHE – ‘Triplé’

Album / Floral – Luik / 15.03.2024
Post punk – Math rock

Après deux Eps traçant une incontestable ascension, Péniche passe le cap du premier album. Avec lui, comme à chaque fois, la volonté de valider des débuts prometteurs tout en entrouvrant la porte à de nouvelles envies, à un futur où tout est possible. Parce que Triplé est aussi un disque de transition, entre deux époques forcément, mais aussi entre deux line-ups, Xavier – bassiste et fondateur du groupe – ayant quitté le navire après avoir mis Léa – également chez This Will Destroy Your Ears – à la barre. Interprétés à trois mais enregistrés à quatre, les deux s’étant partagé équitablement les compositions, ces dix titres affichent pourtant une cohérence évidente, tournés qu’ils sont sans exception vers le live. Comme La Jungle, en moins pressé (K10, Grotsunami), Péniche s’écoute à l’aise, voire en boucle, et c’est incontestablement sur scène que sa puissance et son efficacité se matérialisent, qu’il fait oublier des références un peu trop présentes par le passé. N’est pas non plus Lysistrata qui veut (Treize à la Douzaine), d’autant qu’il avance vite, et le trio l’a bien compris. C’est donc comme libéré d’un poids mais lesté de plaisir que les trois amis s’affairent à composer une musique où l’absence de chant ne se fait jamais sentir, attestant ainsi d’un talent dont manquent certains musiciens trop peu inspirés lorsqu’ils chantent faux. Peut être parce qu’au lieu de tomber dans le piège de vouloir en faire des tonnes, Péniche se focalise sur la narration, sur deux ou trois idées autour desquelles il brode, sans prétention ni indigestion. Dès lors, et même si Triplé souffre inévitablement de quelques longueurs (QLF, Ribou), plus besoin de mots pour nous raconter des histoires : ce sont la basse, la guitare et la batterie qui causent (K10), servent les contrastes bien pensées de cet album (Cooloss Cooloss, La Vareuse), et montrent la voie d’un post punk qui, sur la balance, trouve le parfait équilibre entre les mélodies pop et la technicité du math rock (Nono 168). L’état des lieux de son embarcation désormais derrière lui, Péniche, définitivement sûr de ses atouts, n’a plus qu’à sereinement passé les écluses avant de faire des vagues, pour de bon.