Penguin Cafe – ‘Handfuls of Night’

Album / Erased Tapes / 04.10.2019
Folk minimaliste

Depuis la disparition de Simon Jeffes il y a plus de 20 ans, son fils Arthur a repris les rênes d’un groupe répondant au nom original de Penguin Cafe Orchestra. Structuré autour de Simon, ce collectif sans line-up régulier avait pour vocation de sortir la musique classique de sa rigidité. Penguin Cafe Orchestra navigua pendant près de deux décennies entre des styles aussi variés que la musique de chambre, le folk ou l’avant-garde, lorgnant parfois même vers le minimalisme et rassemblant un public étonnamment large pour ce genre de musique complètement atypique. Une jeune fan japonaise avait très justement décrit leur musique comme ‘évoquant des sons entendus auparavant, familière‘.

N’ôtant qu’Orchestra au nom du groupe, le Penguin Cafe renaît de ses cendres il y a un peu plus de 10 ans. Ce quatrième album, Handfuls of Night, confirme leur volonté de se ré-inventer sous ce nom raccourci, tout en utilisant les éléments fondateurs du siècle passé. On y retrouve des instruments originaux piochés aux quatre coins du monde (kalimbas, harmonium), des cordes subtiles (Gentoo Origin ou Adelie) et un soupçon de minimalisme qui leur a probablement permis d’être signés sur le label Erased Tapes, aux côtés de Nils Frahm, Ólafur Arnalds ou Peter Broderick. D’accessoire, le piano est par contre devenu une pièce centrale, servant de fil rouge, comme sur la superbe clôture qu’est Midnight Sun.

Si le piano est devenu omniprésent, Penguin Cafe est parvenu à conserver cette atmosphère de musique de chambre si particulière. Malheureusement, l’ingéniosité et le génie de Simon Jeffes ont disparu. Les fantastiques pièces enjouées et burlesques (Music For A Found Harmonium, Telephone and Rubber Band) ont laissé place à des morceaux intéressants mais moins captivants, comme le clin d’œil téléphonique sur Pythagoras on the Line Again ou les nombreux passages acoustico-minimalistes, n’atteignant cependant pas la qualité de Bing & Ruth, pour ne citer qu’eux. À l’instar de la pochette, la qualité est au rendez-vous mais la musique complètement novatrice et génialement loufoque de son géniteur a perdu de sa superbe.