Party Dozen – ‘The Real Work’

Party Dozen – ‘The Real Work’

Album / Temporary Residence / 08.07.2022
Art rock expérimental

En termes de déflagration sonore, ces derniers mois ont été plutôt riches et généreux pour les amateurs de décibels et d’aventures électriques sous haute tension. Alors que la technologie numérique semble désormais infiltrer pleinement chaque pan de la production internationale, y compris au niveau de la musique la plus alternative et radicale qui soit, voilà que Party Dozen sort également l’artillerie lourde avec un disque dominé par la cohésion et l’énergie de ses musiciens.

Sous des influences stoner, post-punk et free jazz (tout en lorgnant également du côté du krautrock, de l’industriel et de la noise), le duo australien formé par Kirsty Tickle (saxophone) et Jonathan Boulet (percussions) livre avec The Real Work un album à la fois électrisant et envoûtant, où les élans bruitistes ne sacrifient jamais les ambitions mélodiques et instrumentales du projet.

Alors que l’exercice pourrait conférer à l’abstraction, ici tout est limpide, clair, ciselé. Les compositions, construites autour de riffs accrocheurs et servies par un mixage précis, évoquent la musique d’un Jack White qui aurait définitivement abandonné toute affiliation aux codes du blues et du gospel qu’il chérit tant – difficile à imaginer donc – pour se lancer corps et âme dans des territoires plus cuivrés et proches de la no wave. Et si l’ombre du guitar hero de Détroit n’est que pure affabulation, celle du géant Nick Cave est elle bien réelle puisque celui-ci pose sa voix sur le morceau le plus excitant du disque en répétant en boucle le titre – Macca The Mutt, référence possible au surnom de Paul McCartney ou plus simplement au célèbre cocktail. Une façon de démontrer la volonté du projet d’accorder une bien maigre place à la voix et au texte puisque ce sont en effet ici les instruments, et plus encore leurs timbres et possibles effets, qui règnent en maîtres. L’intensité et la densité sonore sont ici des objectifs premiers, avec ces textures qui avancent comme un magma vers la fusion des timbres acoustiques, électriques et électroniques.

On appréciera plus volontiers les percées psychédéliques permises par l’ajout de claviers et sons synthétiques (Major Beef, Risky Behaviour), que les jams balourdes portées par des automatismes et alliages sonores trop excessifs ou évidents (Fruits of Labour, The Worker). Mais c’est aussi la largeur de sa palette qui fait la valeur de ce ‘vrai travail’, du titre d’ouverture The Iron Boot – avec son duel guitare / saxophone qui semble tout droit sorti du Fun House des Stooges – au sublime Earthly Times, pièce acide et crépusculaire qui nous plonge dans un film noir halluciné pour les oreilles.

Faussement minimaliste dans sa pensée, profondément maximaliste dans les moyens déployés, The Real Work est un disque ludique mais aussi quelque peu capricieux, attendant sa seconde moitié pour révéler tout son potentiel. Car derrière sa volonté de puissance affirmée, Party Dozen semble cacher en réalité un cœur plus sensible et profond qu’il n’y paraît.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Macca The Mutt, Earthly Times, Major Beef, Risky Behaviour

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