
27 Mar 22 Park – ‘Park’
Album / Vicious Circle / 25.03.2022
Indie pop noise
Un téléphone détruit dont l’écran brisé reflète des objets non identifiés entourés de végétaux, des musiciens qui posent derrière des accessoires carnavalesques… Park est autant une récréation musicale qu’un jeu amusé sur l’identité de ses membres, tous originaires de la même ville de Charente Maritime. Il ne s’agit pas ici d’ancrage régional, mais de questionnement sur les familles musicales : une formation s’adoucissant vers la pop, tandis que l’autre vient marier sa voix à un trio plus rock qu’il n’en a l’habitude. Comme un besoin d’ailleurs au sein d’un questionnement sur l’identité.
Ce projet bicéphale, né du métissage entre Lysistrata et Fránçois Marry aka Fránçois & the Atlas Mountains, est présenté avec humour par ce dernier comme ‘la fête de fin d’année en entreprise, où les collègues désinhibés finissent par montrer leur vrai visage’. Comme si c’était dans un projet amical délesté du sérieux et des habitudes, que les musiciens pouvaient s’épanouir dans de nouveaux retranchements. Le point de départ a beau être ludique, il n’empêche aucunement l’ambition de la proposition. La production puissante de Johannes Buff en atteste, lui qui après avoir bossé avec Thurston Moore ou Lee Ranaldo, sait souligner les accents Sonic Youthiens de l’écriture donnant à cette post-pop française et francophone une tournure rafraichissante, une énergie devenue rare. De quoi nous conduire facilement à voir en Park un futur étendard de l’indie français.
Il y a quand même plus de Lysistrata que de Fránçois and the Atlas Mountains chez Park, ne serait-ce que parce que les chants sont alternés et que les trois quarts de la formation en sont originaires. La voix de Ben Cooper se fait plus calme que sur les albums du trio, et son timbre grave – en particulier sur Ghost – n’est pas sans évoquer celui de Mark Kozelek, époque Red House Painters. Reste que celle de Fránçois Marry épouse à merveille les guitares et les dissonances des musiciens, en particulier sur les deux titres chantés en français. Entre le timbre de voix et la prononciation un peu Dandy de ce dernier, il y a dans cette alliance un souffle de nouveauté, une fraicheur à découvrir, qui nous fait regretter qu’il n’assume pas le lead sur davantage de titres. Non pas que la voix de Ben Cooper soit moins belle (Tall Grass le prouve), juste que la singularité de Park repose avant tout sur l’alliance des arpèges indie rock de Lysistrata, et de ce timbre nasal articulant avec hauteur des paroles qui leur vont comme un gant.
A ECOUTER EN PRIORITE
A Day Older, Réveil Heureux, Shannon
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