Panda Bear & Sonic Boom – ‘Reset’

Panda Bear & Sonic Boom – ‘Reset’

Album / Domino / 12.08.2022
Pop psyché solaire

Les plus belles amitiés naissent bien souvent d’un petit rien. Pour Noah Lennox (Panda Bear) et Peter Kember (Sonic Boom), tout a commencé en 2007 par un simple échange de politesse. Dans les liner notes de son inusable deuxième album solo Person Pitch, l’ursidé échappé d’Animal Collective remercie Spacemen 3 et son psychédélisme spatial. Kember, visiblement touché, contactera Lennox quelque temps plus tard via Myspace. Les liens se tissent rapidement, et l’échange se fait d’emblée d’égal à égal, loin des clichés ‘relation maître-élève’ que pourrait laisser supposer leur différence d’âge. Les terrains d’entente sont nombreux et les deux hommes ont beaucoup à partager.

A l’époque, tout sourit à Panda Bear. Les moindres faits et gestes d’Animal Collective sont scrutés en permanence par la presse spécialisée. Leur septième album, Strawberry Jam, s’apprête à sortir et a déjà tout du triomphe annoncé. Ses explorations en solitaire défient le temps et l’espace, et repoussent chaque fois encore plus loin le champ des possibles (les morceaux Bros ou Good Girl /Carrots sur Person Pitch). Les planètes sont en revanche moins bien alignées pour Sonic Boom. Les vaches ne sont pas encore maigres, mais on les a déjà connues plus dodues. Depuis sa brouille avec Jason Pierce et la séparation avec perte et fracas de Spacemen 3 quinze ans plus tôt, l’anglais peine à sortir de l’ombre malgré les succès d’estime de Spectrum. Pire encore, son frère ennemi et sa musique de drogués arrive désormais à toucher le plus grand nombre avec Spiritualized (le picaresque Ladies And Gentlemen We Are Floating In Space, 1997). Sa rencontre avec Lennox arrive à point nommé. Un nouveau cycle peut commencer, et cette amitié naissante en sera le point de départ. Il atteindra son apogée en 2010 quand MGMT fera le choix suicidaire – selon les propres mots de Kember – de lui confier la production du futur classique absolu Congratulations. Définitivement de retour aux affaires, Sonic Boom élève ensuite la bromance au rang d’art majeur en produisant coup sur coup les deux albums solo suivants de son copain le panda (Tomboy en 2011, et Meets The Grim Reaper en 2015).

Enregistré au Portugal, où les deux compères résident désormais depuis plusieurs années, Reset est le premier album commun de Panda Bear et Sonic Boom. Sans surprise, l’œuvre est fusionnelle. Parfois même un peu trop tant le duo semble se connaître sur le bout des doigts. Plus les titres défilent, plus les individualités s’effacent. Lennox et Kember finissent par ne former plus qu’un, un peu comme ces vieux couples qui n’ont plus besoin de se parler pour se comprendre, mais qui se tiennent toujours par la main.

Reset aurait pu ressembler au mieux à un laboratoire expérimental ou, au pire, à une séance d’onanisme un brin gênante. Ce n’est heureusement pas le cas. Même si fait de bric et de broc, l’édifice s’appuie, dès les très philspectoriens Gettin’ To The Point et Go On, sur les samples / loops doo-wop de l’architecte Kember comme autant de murs porteurs et autres fondations solides. Le maître d’œuvre Lennox n’a plus qu’à laisser entrer le soleil, du luxuriant Edge Of The Edge et ses harmonies vocales dignes des Beach Boys au happening bricolo-mariachi de Livin’ In The After. Le côté exercice de style révérencieux de Whirlpool ou Danger pourra, en revanche, frustrer le fan hardcore en attente de plus (ou de mieux). Au final, et malgré quelques bémols, l’hybride et héliotrope Reset nous fera à jamais préférer le panda sonique au panda commun (ailuropoda melanoleuca). Même si on a des bambous à plus savoir quoi en foutre dans le jardin.

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A ECOUTER EN PRIORITE
Gettin’ To The Point, Go On, Edge On The Edge, Livin’ In The After, Everything’s Been Leading To This


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