08 Fév 19 Panda Bear – ‘Buoys’
Album / Domino / 08.02.2019
Indie expérimentale
Sans prendre de risque, on peut affirmer que Buoys aura certainement un destin clivant, ce qui ne fâchera pas Noah Lennox, aka Panda Bear, qui désirait ardemment ouvrir un nouveau chapitre musical avec ce sixième album solo. Cet album marque effectivement un changement majeur dans l’œuvre solo de Lennox, non seulement en termes de sonorités, mais aussi dans sa manière de travailler et d’écrire.
Buoys a pourtant été co-produit et co-mixé avec un collaborateur de longue date, Rusty Santos (Person Pitch, Sung Tongs d’Animal Collective), dans la capitale portugaise où Noah réside depuis plusieurs années. Au départ de réflexions sur les musiques contemporaines, et plus particulièrement le hip-hop, les deux compères décident de travailler à nouveau ensemble. Le premier apport de Santos consista à mettre la guitare en sourdine afin de travailler les textures et l’épaisseur de la voix de Lennox. Au travers d’un programme surtout utilisé dans le milieu de production du rap (Auto-Tune), Noah limita les harmonies vocales, afin que l’album ne soit guidé que par une seule voix monocorde.
En résulte une impression de dépouillement, où seuls subsistent quelques guitares éparses, des textures minimalistes et des sons aquatiques. À cet égard, Dolphins ou Cranked donnent parfaitement le ton avec ses sons discrets de bulles implosant en surface. Si Token renoue temporairement les liens avec le Panda Bear des albums précédents, les autres morceaux élèvent ce dépouillement au rang de leitmotiv. Pour ceux qui désirent synthétiser cette expérience contrastée, prenez Token et Master. Le premier évolue graduellement au gré d’effets hypnotiques, alors que le second se révèle statique et sec. Plusieurs écoutes seront nécessaires tant l’album tend à déployer ses qualités au fil du temps.
Thématiquement, Panda Bear a ruminé autour de la question du réchauffement climatique. Pendant que ses amis d’Animal Collective sortaient, sans lui, il y a quelques mois, un album dans la cadre d’une manifestation pour la préservation des récifs coralliens, lui transcrivait ces mêmes inquiétudes climatiques — détail cocasse — sans aucune concertation commune. Malheureusement, aussi intéressante que soit la démarche et les thèmes, l’album se révèle répétitif et inégal, alternant beaux passages, comme l’intrigante intro d’Inner Monologue et ses gouttelettes d’eau que l’on doit à la musicienne portugaise Dino D’Santiago, et séquences lassantes, parfois au sein du même morceau. À défaut de louer unanimement la musique, on appréciera la volonté d’explorer de nouveaux territoires.
A ECOUTER EN PRIORITE
Dolphin, Token, Inner Monologue
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