21 Août 06 Outkast – « Idlewild »
[Album]
21/08/2006
(La Face/Sony BMG)
C’est une évidence depuis « Speakerboxxx & The Love Below », Outkast est une exception dans le paysage hip hop international. Unanimement respectés, constamment sur le front des guerres contre les barrières musicales, Big Boi et André 3000 s’attelaient depuis quelques mois sur la bande originale de leur film « Idlewild », fraîchement débarquée dans les bacs français, alors que les médias, eux, vendaient la peau de l’ours en annonçant la séparation du duo
Que dalle! Car à entendre ce nouveau disque, pas vraiment un nouvel album donc mais à prendre avec un maximum de considération quand même, Outkast en a encore sous la semelle et rappelle qu’avec lui tout est possible, que l’imprévisibilité est de mise. À tel point que, sur le précédent opus déjà, plusieurs écoutes étaient nécéssaires pour vraiment rentrer dans cet univers un temps déroutant et laissant peu à peu apparaître toutes ses richesses. C’est une nouvelle fois le cas ici, même s’il est plus facile de rentrer dans cet « Idlewild » que dans le « Speakerboxxx & The Love Below ». Peut-être aussi parce qu’on finit par s’y faire
A l’heure ou l’on cherche en vain un nouveau souffle musical original qui ne soit pas éphémère, il faut avouer que l’arrivée d’une nouveau cru Outkast est la bienvenue, avec elle la certitude qu’il va falloir persévérer pour apprécier: voilà bien une marque de fabrique luxueuse que peu peuvent se vanter de détenir
« Mighty O », titre d’ouverture, remet les pendules à l’heure, les médias à leur place, en réunissant Big Boi et André 3000, chose plutôt rare ces dernières années. Et les morceaux purement hip hop de ce genre ne seront pas légion parmi ces vingt-cinq titres. Seul « Hollywood Divorce (feat Lil Wayne et Snoop Dogg) », avec un André 3000 en crooner magique, restera assez proche des stéréotypes du genre et marquera cette réunion. Pour le reste, partagé entre ces deux personnalités atypiques mais complémentaires, on nage entre hip hop soul rnbisant (« Peaches », le très bon « N2U », « Buggface », « In Your Dreams », le sublime « The Train », « Chronomentrophobia »), à deux doigts de recolorer la pop (« Dyin To Live », « Mutron Angel »)
Mais la véritable identité de ce « Idlewild » provient de cette couleur en rapport direct avec le sujet du film. Et oui, on l’avait oublié celui-là avec son décor soul, jazz, swing, cabaret, même blues et country, de début de vingtième siècle. C’est pourtant cela qui semble avoir transcendé le duo d’Atlanta, décuplé son inspiration comme le soulignent « Idlewild Blue », « Call The Law », « Make No Sense At All », l’excellent fanfaron « Morris Brown », le vitaminé « PJ & Rooster », ou « When I Look In Your Eyes », façon piano bar, qui nous fait complètement oublier les racines hip hop d’Outkast tout en restant clairement ancré dans son univers
Un poil trop long, mais sauvé par une grande et agréable diversité, « Idlewild » enfonce le clou, rappelle à qui veut bien l’entendre qu’Outkast est de ces entités hip hop grand public capable d’emmener son auditoire dans des contrées qu’il n’aurait jamais visitées sans lui. Par la même occasion, Andre 3000 s’illustre impeccablement dans son habit de chanteur hérité de Prince (« Greatest Show On Earth » feat Macy Gray) qui, mêlé à l’univers plus hip hop de Big Boi, place la patte du duo parmi les plus novatrices du moment. On attend déjà une suite que l’on espère pour bientôt pour ne pas retomber trop vite dans l’ennui
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