
12 Août 24 OSEES – ‘SORCS 80’
Album / Castle Face / 09.08.2024
Synth-kraut-trash
Avec à leur tête le guitariste et multi-instrumentiste John Dwyer, les californiens de Osees ont érigé l’hyper-productivité en règle de vie. Depuis sa création en 2003, le groupe a publié pas moins d’une trentaine d’albums. Tout n’est pas excellent, loin s’en faut, mais on ne peut pas lui enlever cette volonté farouche de se renouveler à chaque nouvelle sortie. Figures de proue de la scène rock-garage au line-up atypique (une formule avec deux batteurs simultanés depuis 2015), les Osees sont déjà de retour après Intercepted Message sorti il y a quasiment un an jour pour jour. En ce beau mois d’août, SORCS 80, leur nouvel opus, ne serait pas forcément un événement en soi si son processus créatif n’était pas complètement inédit pour eux, toujours avides de nouvelles expérimentations, et non des moindres.
Surprise de taille et crime de lèse-majesté donc pour ce ténor bruitiste : les guitares et les synthés sont restés au placard. ‘Cet album a été pour nous un projet ambitieux que nous nous sommes imposé. Les deux derniers étaient tellement centrés sur la guitare et le clavier que l’idée était de changer notre façon d’écrire et d’avoir quatre personnes sur le devant de la scène jouant essentiellement des percussions. Puis, durant l’enregistrement, les sons me faisaient sans cesse penser à des cuivres, donc nous avons ajouté une section de saxophones‘ explique le grand manitou John Dwyer comme si tout était aussi simple. Imaginez que les Dexy’s Midnight Runners jamment avec The Flesh Eaters et Von LMO dans un sous-sol humide et vous obtenez une vue plutôt réaliste de l’ensemble.
D’ailleurs, si on ne le sait pas, difficile de croire à une totale absence de six cordes tant SORCS 80 est agressif et prend à la gorge d’entrée (Look At The Sky) en nous laissant ivre et étourdi de bout en bout. Comme un lendemain de cuite, on jure de ne jamais recommencer, pourtant on y retourne avec le sourire et le même optimisme. Le premier single Cassius, Brutus & Judas, à l’énergie punk dévastatrice, avait ouvert la voie il y a quelques semaines et donnait déjà l’envie furieuse de plonger tête baissée dans un circle pit, quitte à perdre quelques neurones. Les morceaux de bravoure s’enchaînent ici à toute vitesse, tous transpercés par le timbre si particulier de Dwyer et lardés des fulgurances cuivrées de Foote et Caulkins qui ne laissent aucun répit à nos oreilles et nos lombaires sur les furieusement dansants Termination Officer et Blimp.
Enregistré sur un 8 pistes à bandes, essentiellement composé en binôme avec Tom Dolas à partir de samples et de boucles de batteries, SORCS 80 apporte un nouveau souffle dans la discographie labyrinthique et pléthorique des Osees. L’absence de guitares laisse plus de place aux cogneurs hors pair que sont Dan Rincon et Paul Quattrone, qui ne se gênent pas pour l’occuper pleinement (Plastics). Voilà qui augure encore d’incroyables moments sur scène, tant visuellement que musicalement, puisque c’est là le terrain de jeu privilégié des californiens. En attendant un prochain album qui ne saurait tarder, mais dont on ignore encore la forme qu’il prendra. Wait and (O)see…
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