26 Sep 20 Osees – ‘Protean Threat’
Album / Castle Face / 18.09.2020
Garage psychédélique
Fidèle à la cadence infernale à laquelle les californiens d’Osees (ou Oh Sees, ou Thee Oh Sees) ont su conditionner nos tympans depuis maintenant plus d’une décennie, 2020 ne déroge pas à la règle selon laquelle chaque année se doit de recevoir sa dose de garage, sans quoi la légende finirait indubitablement par se ternir. Protean Threat, nouvel opus qui se place dans la lignée de Smote Reverser et Face Stabber – ses deux ancêtres les plus proches et marqués par un virage ostensiblement tourné vers le space rock et le jazz fusion, semble opérer un subtil mélange de retour aux sources tout en poursuivant la quête de psychédélisme éthérée entamée en 2017.
L’entame Scramble Suit II, à la manière de The Daily Heavy, surprend de par la violence qui s’en découle dès les premiers instants, juste avant que la batterie ne reste fixée sur le même motif, propice aux messes basses de Dwyer : ‘Uncertain how you got here, Do not recall and do not care‘ nous susurre-t-il à l’oreille, comme pour nous lancer un avertissement sur la suite des événements. Et, effectivement, dès Dreary Nonsense, seconde sur la liste de ce recueil garage halluciné, on sent que le groupe n’a toujours rien perdu de sa démence. Les envolées de guitare, le rythme totalement désarticulé du titre lui procurent une énergie des plus exaltantes. Osees, au sommet de son art, révèle au plus grand jour ses meilleures qualités. Terminal Jape viendra asseoir encore plus cette transe punk en venant résonner comme un miroir à Dreary Nonsense de la même manière que Mizmuth, un peu plus tard dans l’album.
Si la seconde partie du disque se veut plus mesurée, elle s’en trouve d’autant plus cathartique d’un point de vue purement psychédélique. Wing Run ouvre le bal, en dévoilant des nappes de synthétiseurs totalement cosmiques, sur lesquelles viennent se greffer ça et là quelques riffs de guitare aux sonorités très 70’s. Le tout, propulsé par le combo diabolique Rincon/Quattrone, crée une ambiance délicieusement progressive, tout comme sur Canopnr’74, la mémorable If I Had My Way (qui rappellera d’ailleurs la lointaine Tidal Wave) ou encore la pièce maîtresse de l’album : Gong of Catastrophe.
Dans l’ensemble, Protean Threat se veut d’une certaine manière moins éclectique que ses prédécesseurs. Cependant, il n’en demeure pas moins tout aussi intrigant, en arborant un psychédélisme un peu moins teinté des excentricités parfois trop abstraites propres aux derniers opus du groupe. A moins que cette harmonie nouvelle ne vienne puiser ses origines au sein même de la formation qui, depuis 3 ans, s’évertue sans relâche à essaimer son sens du groove à travers les quatre coins du monde, véritables missionnaires d’un garage rock à la fois complexe et toujours aussi fascinant. ‘THIS RECORDING IS AT THE APOGEE OF SCUZZ. PUNK ANTHEM AMULETS FOR YOUR EARS AND HEART’ pourra-t-on lire de la griffe de John Dwyer à propos de ce nouvel album, avant d’ajouter ‘A BATTERY FOR YOUR CORE. BE STRONG. BE HUMAN. BE LOVE’. N’y-a-t’il pas meilleure façon de résumer tout ce qui précède ?
A ECOUTER EN PRIORITE
If I Had My Way, Dreary Nonsense, Gang Of Catastrophe
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