OSEES – ‘A Foul Form’

Album / Castle Face / 12.08.2022
Punk

Quelle meilleure punition pour John Dwyer que devoir se retrancher en studio pendant que le monde était sur pause ? Déjà bien productifs en temps normal, les OSEES pourraient donc être la source d’une effusion de productions ces prochains mois et ce A Foul Form, enregistré dans le propre studio du californien, n’en est qu’un premier aperçu. Avec 10 titres et 22 minutes au compteur, le 26ème album du groupe est très certainement le plus punk et le plus direct de son oeuvre toute entière. Et pour cause, enrobé d’une production lo-fi bien volontaire, le disque rend hommage au punk et au hardcore qui ont bercé le maitre des lieux, comme ses acolytes, durant les années 80.

Si ce n’est quelques bribes électroniques un poil cradingues servant de signature sonore et distinguant le disque de la simplicité de l’époque, point de superflu ici : les OSEES sonnent plus agressifs que jamais (Funeral Solution, Scum Show), tout en confiant la diversité de ce nouvel album à quelques pistes plus accrocheuses (Social Butt), ou à un groove plus orienté post punk et new wave (Too Late for Suicide), propices à la bonne digestion de l’ensemble. Mais A Foul Form n’est pas qu’une affaire de forme, et se révèle aussi comme un des opus les plus engagés du collectif. Au fil de ces 10 titres à l’intensité inédite chez OSEES, et dont la brutalité ne fait que souligner le propos, Dwyer égratigne tout ce qu’il peut, en abordant l’Eglise (Frock Block), la police qu’il compare à des voyous sponsorisés par l’Etat (Perm Act), ou la propension de l’être humain à saboter sa propre existence (Funeral Solution).

Déjà impressionnants par leur cadence à enchainer les albums de qualité – qu’ils se rangent dans les cases psyché, garage ou krautrock – les OSEES nous secouent ici en arborant un genre nouveau, nettement moins expérimental et prévisible, dont ils affichent également leur maitrise. A l’aise dans le registre crust-punk de ce nouvel album morbide et crasseux, John Dwyer trouve là une façon de rappeler à qui veut bien l’entendre que s’en tenir à l’essentiel vaut parfois mieux que de se perdre dans les odyssées tentaculaires qui ont trop souvent fait l’actualité du groupe ces toutes dernières années. Un constat rassurant pour l’avenir, qui permet au principal intéressé de s’inviter brièvement dans la cours de ses illustres ainés punk, avant de la quitter de lui-même pour de nouvelles envies qui lui auront certainement traversé l’esprit.