OOIOO – ‘nijimusi’

OOIOO – ‘nijimusi’

Album / Thrill Jockey / 17.01.2020
Duchamp meets King Crimson

Aussi mal connues qu’elles soient par chez nous, les japonaises de OOIOO – emmenées par Yoshimio – sont hyper influentes dans le monde de l’expérimental. Et leur huitième album nijimusi en est une nouvelle preuve. On ne tentera pas de chercher des étiquettes à coller sur leur son, parce qu’il ne ressemble à rien, ou alors à tout ce qui a pu être fait depuis l’invention des instruments électriques et de l’échantillonnage. Mais on peut distinguer quelques orientations.

Si le précédent album, Gamel, était une variation anthropologique autour de la tradition asiatique du gamelan, nijimusi apparaît davantage comme une synthèse des courants sériels, progs et psychédéliques des années 70 à aujourd’hui.

Il est réellement difficile de pénétrer l’univers de Yoshimio (sa voix pourra être une épreuve, rédhibitoire pour certains, et ça dès l’intro de 49 secondes faite de fureur et de hurlements stridents), mais la curiosité l’emporte lorsqu’on comprend que chaque titre est composé de plusieurs mouvements aux climats très changeants, généralement brodés autour d’une forte ligne de basse, précédés d’une intro souvent assez sèche. Il faut accepter de se laisser mener vers l’inconnu. Et, au fil des écoutes, certains mouvements évoquent progressivement  les bricolages les plus composites de Goat, Esmérine, Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp…

Parmi les titres les plus accessibles, notons ceux qui remuent tout le corps, traversés d’une percu trépidante et tribal comme Jibun et Kawasemi Ah, le dub évoluant groove de Tisou, ou la progressivité magistrale de Bulun qu’on peut ressentir comme un hommage aux solos magiques de claviers de King Crimson ou Yes. Album difficile d’un groupe exigeant, nijimusi mérite cependant qu’on ne passe pas à côté en ce début d’année.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Jibun, Tisou, Bulun, Kawasemi Ah


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