26 Oct 20 Onoda – ‘Land / Islands’
Album / Cranes / 09.10.2020
Drone shoegaze
Né sur les cendres de Dead Mantra, Onoda est la toute nouvelle trouvaille de Cranes Records. Et en écoutant ce premier LP Land/Islands, il faut se rendre à l’évidence : le label a eu du flair. En cinq titres et 38 minutes au compteur, le quatuor étale sa maîtrise sans forcer dans une grosse déferlante shoegaze qui côtoie le drone et même le psychédélique. C’est de la musique pour rester seul dans ses pensées. C’est de la musique pour rêver.
Pour Onoda, tout est une question d’atmosphère et d’associations de couches instrumentales. Le côté ‘techniciens du son’ est certes assumé, mais sa musique n’est pas pour autant dénuée d’une certaine chaleur qui fait souvent défaut à la pléthore de groupes se réclamant du courant shoegaze. Courant qui subit d’ailleurs depuis quelques années une bruyante renaissance avec les retours des dinosaures Slowdive, Ride ou encore Swervedriver. Mais les parisiens ne sont pas dans la pâle imitation, ils apportent leur propre grain de drone psyché à l’affaire. En France, nous n’avons peut-être pas de pétrole, mais quelques irréductibles savent faire parler les guitares malmenées et saturées. Cocorico.
Chaque morceau joue de la durée et de la répétition, et propose des développements harmoniques lents. Les crescendos et les envolées de masse sonore se méritent. Le quatuor n’hésite pas à apporter des touches subtiles d’ambient et de musique électronique atmosphérique, comme le témoigne l’excellent How Could They Live In Hope? Land/Islands est une expérience auditive se rapprochant de la prise de psychotropes, sans la prise de psychotropes. Il reste à savoir si les gars d’Onoda sont influencés par le Taking Drugs to Make Music to Take Drugs To de Spacemen 3. En tout cas, promis, on ne balancera pas.
Le groupe mène admirablement bien la barque en rayant tous les bons numéros du bingo shoegaze : murs de sons bruitistes, motifs drones obsédants, violence de la batterie et voix troublante. Tous ces éléments sont rassemblés et magnifiés dans le titre Praypreypray, probablement le meilleur de l’album. Je mets au défi quiconque de ne pas s’ébahir devant sa fulgurance sauvage, son refrain planant et cathartique.
Il fallait l’expérience et la maestria des membres d’Onoda pour accoucher d’un disque aussi hégémonique et soigné. Sans aucune prétention et sans longueur rébarbative malgré la durée importante des morceaux, Land/Islands est un premier essai remarquablement réussi. Et juste comme ça, sur un gros bang disto et reverbéré, ils ont acquis le droit d’être sur le radar des groupes prometteurs de l’hexagone.
A ECOUTER EN PRIORITE
How Could They Live In Hope?, Land, Praypreypray
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