Omni – ‘Souvenir’

Omni – ‘Souvenir’

Album / Sub Pop / 16.02.2024
Post punk

‘Les souvenirs d’un homme constituent sa propre bibliothèque’, disait Aldous Huxley. Nous osons aller plus loin, en indiquant que les souvenirs d’un homme constituent sa propre discothèque. Certains artistes, albums, morceaux ou riffs peuvent agir sur nous comme la madeleine de Proust, et nous ramener à un moment précis de notre vie, agréable ou non. Ils mettent notre existence en perspective et lui donnent un sens. Pour notre plus grande joie, le trio post punk d’Atlanta se rappelle à notre bon souvenir cinq ans après un excellent Networker un brin désabusé et aux paroles grinçantes, et revient avec son quatrième album, le deuxième pour Sub Pop.

Derrière ce projet se cachent trois garçons au CV bien rempli : le guitariste Frankie Broyles (Ex Balkans, Deerhunter), le batteur Chris Yonker (Greenscreen) et le chanteur/bassiste Philip Frobos (Ex Carnivores). Insatiable, ce dernier a aussi publié en 2021 un roman semi-autobiographique, Vague enough to satisfy, accompagné d’un album solo éponyme. Avec ce quatrième effort, Omni ne déçoit pas et continue de nous abreuver de post-punk avant-gardiste, aventureux et exigeant, aux rythmiques alambiquées, chiadées et aux riffs anguleux, en digne héritiers de groupes comme Gang of Four, Television, Magazine, Pere Ubu ou Wire.

Attention ! Ne bougez plus ! Souriez ! Omni nous tire le portrait avec Exacto au rythme désarticulé et au chant scandé, le tout avec toujours beaucoup de cynisme et d’ironie. Sur Plastic Pyramid, Philip Frobos donne le change à Izzy Glaudini, chanteuse du groupe de rock Automatic, avec qui le trio a partagé une tournée en 2022. Le clip DIY du morceau, sous forme de pastiche d’une émission de téléachat, ironise sur notre rapport à la consommation et au monde plastique que nous bâtissons au grè de nos achats d’objets en tout genre et sans intérêt que nous parsemons autour de nous. INTL Waters, avec sa guitare stridente et son rythme vaguement reggae, nous entraîne dans les eaux internationales, dans ces zones soumises à aucune juridiction nationale, à la traque de méchants oligarques, en fuite. ‘Why don’t you ride your anchor to the bottom of the sea‘.

Il est aussi parfois question d’amour avec Omni, comme sur Granite Kiss où Frobos se joue des mots avec amusement (‘your love is astronomical‘) et avec moulte dérision (‘our existence is menial at best, menial at best, we can decay together‘). Amour toujours avec le morceau PG, que nous interprétons potentiellement comme Parental Guidance (surveillance parentale, ndlr). Toujours sur un rythme mécanique, disloqué, le groupe emmène les romantiques que nous sommes pour une balade sous le soleil couchant, qui s’achève avec un pistolet braqué dans le cou. Les trois petits gars d’Atlanta, que ce soit musicalement ou dans le texte, ne cessent de nous conduire dans des endroits auxquels nous ne nous attendions pas. Des structures musicales sophistiquées, expérimentales, des textes abscons, désopilants mais en permanence délivrés avec urgence et une énergie débordante. Chaque chanson qui constitue cet album s’écoute comme une photo prise sur le vif, à prendre ou à laisser, mais gravée dans l’échelle du temps. Nos souvenirs nous gouvernent !

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A ECOUTER EN PRIORITE
Plastic Pyramid, INTL Waters, Compliment

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