Oiseaux-Tempête – ‘From Somewhere Invisible’

Oiseaux-Tempête – ‘From Somewhere Invisible’

Album / Sub Rosa / 18.10.2019
Free rock

On avait quitté Oiseaux-Tempête avec un double LP accompagné d’un disque live paru en 2018, qui venait conclure avec superbe leurs pérégrinations méditerranéennes. Frédéric D. Oberland et Stéphane Pigneul, l’insatiable duo à la tête du groupe et déjà auteur d’un excellent album cette année avec un autre projet (Le Réveil Des Tropiques), n’entendaient toutefois nous laisser aucun répit en nous livrant une nouvelle estocade inattendue.

C’est peu dire que le parcours de la formation depuis ses débuts en 2013 a de quoi impressionner, déployant au fil d’albums denses et intenses les souvenirs électrifiés de leurs périples le long des côtes grecques ou en immersion dans un Moyen-Orient tumultueux, jusqu’à devenir une des figures de proue du post-rock / rock expérimental hexagonal.

Alors que le groupe terminait à Montréal la longue tournée ayant suivi la sortie de l’album AL​-​’AN!, il se vit proposer par Radwan Ghazi Moumneh (Jerusalem In My Heart) une offre qui ne se refuse pas : enregistrer une session au sein d’un des plus beaux studios au monde, le fameux Hotel2Tango qui a vu naître plusieurs pierres angulaires de la mouvance post-rock. Sans hésitation, la formation accompagnée de ses désormais collaborateurs habituels (Mondkopf, G.W. Sok et Jean-Michel Pirès) et complétée d’invités locaux prestigieux y a saisi l’occasion d’enregistrer un nouvel album.

Le résultat de ces sessions d’enregistrement constitue sans doute le disque le plus direct et concis du groupe. Les sonorités se veulent ici plus violentes, en particulier sur l’impressionnant titre d’introduction (He Is Afraid And So Am I), déclamation fébrile par G.W. Sok d’un poème évoquant la figure d’un étrange doppelganger sur fond de noise rock angoissant. Dépourvue de ces field recordings qui habillaient les paysages de leurs albums précédents, cette musique apatride tire d’un ailleurs invisible des sonorités plus abstraites mais pas désincarnées pour autant, comme sur Weird Dancing In All-Night, jam bruitiste et organique s’achevant dans une orgie free jazz désorientée. Le violon plaintif de Jessica Moss (Silver Mt. Zion) vient ensuite dialoguer avec ces guitares et synthés modulaires torturés en apportant une émotion inédite à ces plages de spoken-word désolées sur lesquelles plane inévitablement l’ombre des pionniers Godspeed You ! Black Emperor (en particulier sur The Naming Of A Crow).

From Somewhere Invisible est un disque à l’image de ses concepteurs, libre, instinctif et sincère, sans grandiloquence mais d’une ambition pleine et entière : celle de renouer et chérir, malgré la violence et le chaos, ces liens invisibles qui unissent les êtres.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
He Is Afraid And So Am I, We, Who Are Strewn About In Fragments, Weird Dancing In All-Night II


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