Oh Sees – ‘Orc’

Oh Sees – ‘Orc’

Album / Castle Face / 25.08.2017
Garage & co


Si, en se débarrassant de son célèbre article, Thee Oh Sees a perdu quelque chose en route, ce n’est ni sa vigueur ni son inspiration. En effet, à l’heure de son dix neuvième album, le collectif changeant qui entoure John Dwyer a – à peine dix mois après avoir sorti le dyptique ‘A Weird Exits‘ et ‘An Odd Entrances‘ – une nouvelle fois trouvé la source d’un vent nouveau à faire souffler sur un répertoire que l’on pense chaque fois épuisé. A tort tant on oublie souvent trop vite la capacité du frontman à emmener son rock garage vers d’autres sphères, sans jamais égratigner l’identité du groupe comme de son oeuvre toute entière.

‘Orc’ en est une nouvelle démonstration. Avec ses écarts psyché, pop ou krautrock, ce nouvel album condense en dix titres tout ce que peut être le Oh Sees de 2017, nourri d’une discographie longue comme le bras et d’incessantes tournées : un groupe libre, frappé d’une capacité ahurissante à composer vite et bien, tout en prenant le temps de soigner ses arrangements. Alors, au delà d’un line up désormais solide malgré l’arrivée récente du petit nouveau Paul Quattrone (batteur #2), Dwyer ne se prive pas de faire bénéficier à ses Oh Sees ce à quoi il a pris goût lors de ses escapades solo avec Damaged Bug. Ainsi, quand il ne la double pas pour mieux tenir tête aux batteurs, il lâche la guitare pour s’emparer d’une flûte, de synthés, ou fait appel à des intervenants de choix (Brigid Dawson de retour, Ty Segall aux manettes) contribuant eux-aussi à la force d’un ‘Orc’ soulignant plus que jamais la bonne santé du groupe.

Toujours bel et bien présentes, les cavalcades rock se distinguent par leur efficacité (‘The Static God’, ‘Animated Violence’), mais aussi par la place qu’elles laissent régulièrement à ces Oh Sees avides de briser les frontières entre les genres pour mieux réunir leurs influences. Tout en suivant leur incassable fil rouge rock garage sans cesse mis à rude épreuve par les riffs incandescents de Dwyer, les californiens ouvrent donc grands les bras au brassage musical : ils s’acoquinent ouvertement avec le krautrock et ses pointes électroniques (‘Nite Expo’, ‘Paranoise’), lèvent le pied pour mieux appuyer leur groove (‘Jettisoned’, ‘Cadaver Dog’, ‘Cooling Tower’, ‘Raw Optics’), plongent sans frein dans le psyché pour clôturer le long et expérimental ‘Keys to the Castle’ ou pour doter ‘Drowned Beast’ d’un relief peu commun. La palette est large, peut être plus que jamais à en croire la richesse instrumentale qui se dégage de ce nouvel album défait de tout cahier des charges, et au cours duquel on ne décèle toujours aucun essoufflement.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
‘The Static God’, ‘Animated Violence’, ‘Cadaver Dog’


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