Odezenne – « Ovni »

Odezenne – « Ovni »

ode180Album
(Universeul)
01/03/2011
Hip hop

En 2009, la découverte du printemps de Bourges était un groupe de rap français. Ouais gros. Avec « Sans Chantilly », o2zen abordait le style avec beaucoup d’humilité, des idées instrumentales épurées, et des textes bien loin du « nique-tout » habituel. Excusez du cliché. En se rebaptisant Odezenne, le quintet garantit sa phonétique, et évite quelques écorchures dans la bouche de l’audience, sans changer de style. Avec « OVNI » – concept-album qui a aussi sa place dans des galeries d’art puisqu’il sert de support musical à la série « J’aime mon quotidien numérique » en collaboration avec le photographe Sébastien Cottereau – leur rap convainc toujours autant, l’effet de surprise en moins. Pourtant, même si on pourrait reprocher au flow des différents MCs un léger grain de monotonie, le rap français est aujourd’hui rarement aussi élégant que celui d’Odezenne.

Comparable à Hocus Pocus en plus sérieux, ou à Jazz Liberatorz en moins black music, Odezenne envoie de la poésie urbaine autant que Joey Starr crache de postillons, à coup de textes accusateurs politiquement corrects liés à la vie quotidienne (le temps, l’amour, la drogue…), parfois déprimants (« Maux Doux »). Les MCs s’amusent avec les syllabes sur l’instru jazzy et organique de « Saxophone ». Le spleen fait du deltaplane au dessus de ces slams pas bêtes pour un sou qui évoluent sur différentes plateformes instrumentales, tels que le dubstep électrique de « Boom Boom », l’electrotek vintage de « Méli-Mélo », les beats fantomatiques de « Hirondelles », l’interlude 8 bits « Maison Close » ou « L’Esprit Du Tank » qui rappelle Mr Scruff. Le très Wax Tailor « Dedans » détient ce groove poussiéreux émis par le diamant qui glisse sur le sillon du 78 tours. Pendant que les MCs étalent leurs rimes dénonciatrices sur ce lit douillet, le morceau finit à la manière de « Another Brick In The Wall part.II » de qui vous savez, puisque même les enfants s’y mettent! Odezenne masque de vrais phénomènes de société derrière une pointe d’humour, à l’image de « Gomez » qui se paie l’industrie du disque comme victime. A ce titre, pour le pire comme pour le meilleur, on se rappellera de cette phrase, qui fait accessoirement une bonne conclusion de chronique: « Le rap n’est pas mort, j’en suis convaincu, je l’ai vu se balader avec un vocoder dans le…« 

En écoute

Disponible sur
itunes3


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