04 Fév 19 Noyades, Tomaga, Jozef Van Wissem, La Jungle – ‘Split’
Ep / SK Records / 08.02.2019
Indie expérimental
Ce split, que vous le teniez en main ou l’écoutiez plus communément sur le net, est un objet assez fascinant. À l’origine de celui-ci se trouve la fermeture d’un lieu mythique de la ville de Paris. Entre 1965 et 2017, les studios Davout accueillirent une multitude de musiciens et d’artistes, de la jeune Catherine Deneuve (pour les Demoiselles de Rochefort) à Prince, en passant par Miles Davis… ou Claude François. On vous laissera chercher le dénominateur commun…
Lorsque la mairie de Paris se décida, après trois ans de tergiversations, à finalement convertir cet espace musical gigantesque en logements sociaux, quatre formations furent conviées en urgence pour une ultime session, sorte d’épitaphe musicale. Cette marche funéraire arpente différents territoires révélant des artistes passionnants. Comme parfaitement décrit sur le Bandcamp, en découle ‘un patchwork halluciné et ésotérique de morceaux arrangés/créés pour l’occasion‘.
Et, il faut le souligner, cette compilation dévoile quelques pépites en tout juste six morceaux. On imagine les sons cristallins du luth de Jozef Van Wissem sur The Priests Bones Lie Burned On The Altar, Purged, emplissant une dernière fois les moindres recoins de ce studio. Ce titre du compositeur hollandais n’est pas sans rappeler les meilleurs passages de The Grails et vaut à lui seul le détour. Vu le contexte, l’émotion est diablement contagieuse et les cris déchirants de guitare électrique sur The Shunning devraient achever de convaincre les auditeurs dénués de toute empathie humaine.
L’opus brille aussi par sa diversité. Les quatre formations indépendantes venues de diverses contrées européennes nous font naviguer dans divers styles. Au luth épuré de Jozef Van Wissem succèdent les percussions tribales de Tomaga sur The Inexorable Sadness Of Pencils et enfin la cavalcade noise effrénée de La Jungle. Même le chaos sauvageon psyché de Djouhri débouche sur un délicieux apaisement que relaye avec de subtils tintements The First Lesson is Free de Tomaga.
Hugo Pernot (ingé son du studio Davout) et Vincent Cuny (SK Records) furent bien inspirés de convoquer dans l’urgence les français de Noyades, les anglais Tomaga, le hollandais Jozef Van Wissem et les belges de La Jungle. L’impression laissée par cette ultime occupation des studios Davout laissera une trace indélébile à l’auditeur attentif, et l’envie d’en entendre davantage de la part de ces artistes passionnants.
A ECOUTER EN PRIORITE
The Priests Bones Lie Burned on the Altar, Purged, The Inexorable Sadness of Pencils
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