07 Avr 11 Noah 23 – « Fry Cook On Venus »
Album
(Fake Four Inc)
29/03/2011
Indie hip hop
Entre les délires pop des grosses locomotives mainstream et les avancées plus que marécageuses des grands pontes de l’underground, difficile de trouver de bonnes sorties hip hop à se mettre sous la dent ces temps-ci. À tel point que quand un artiste sort du lot, on pense avoir affaire au moins pire qu’au meilleur. Trublion du genre depuis le début des années 2000, on attendait donc beaucoup du retour de Noah 23, ce Canadien qui s’est toujours distingué de ses petits camarades par un flow haut débit, et des productions fraîches et mélodiques. Pop autrement dit, mais pas la bling bling des maousse-costauds, une autre beaucoup plus humble et sympathique. Seulement voilà, ça ne fait pas forcément un bon disque. Alors qu’on attendait du Mc qu’il redonne un coup de fouet à une scène endormie – pour ne pas dire suffocante – son « Fry Cook On Venus » fait pschit, entre par une oreille, ressort par l’autre. À trop faire appel aux sempiternelles recettes qui ont fait le son longtemps défendu avec fougue par les labels Anticon et Mush (parmi tant d’autres), Noah 23 ne propose rien de nouveau. Un constat décevant sachant qu’il a fait appel à de nouveaux producteurs. Mais Factor, Cars & Trains et Skyrider n’ont apparemment pas poussé le Mc dans d’autres retranchements, ceux qu’on attendait justement. Au lieu de cela, on remange ces démonstrations de dextérité vocale (« Sea Of The Infinitive Wave »), ces alternances de flow hip hop et de chant toujours à la limite de la justesse (« What It Is », « Can’t Stay Mad », « Things To Do ») parfois poussées jusqu’à l’écoeurement (« Bed Bugs », « No Tomorrow », « Time Again »), quand les titres ne provoquent rien d’autres qu’une totale indifférence (« Bright Green Laces », « Intangible Heart Crescendo », « Fry Cook On Venus »). Du coup, avec tant de boulets bien accrochés aux chevilles, à constamment tomber dans le prévisible, à souffrir de ne jamais trop savoir ou se placer entre des Josh Martinez, Why? et CloudDead qu’il semble fortement apprécier, difficile de retourner la situation à son compte lors des quelques bons passages de ce disque: le refrain de « Things To Do » comme piqué à Broken Bells, le plutôt réussi « When I’m Gone », ou les contributions bénéfiques de Sole et Awol One sur le seul « Murder City ». Avouez que sur une petite quinzaine de titres, ça fait trop peu de réjouissance pour marquer les esprits. La morosité se poursuit.
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