16 Sep 22 No Age – ‘People Helping People’
Album / Drag City / 16.09.2022
Noise rock
No Age est-il trop pop pour être considéré comme un véritable groupe noise, ou trop expérimental pour être étiqueté pop ? A cette question qui n’anime – il est vrai – que quelques puristes, ce nouvel album n’apportera lui aussi aucune réponse. Voilà 17 ans que ça dure, et c’est ce qui fait le succès critique de ce duo à la croisée des chemins des scènes art-punk et noise.
Deux ans après Goons Be Gone, les Californiens ont pour la première fois produit et enregistré l’album seuls, peut-être contraints par le fait que les titres écrits avant la pandémie n’aient pu être enregistrés dans leur propre studio, ‘perdu’ entre temps, et que les deux aient du se rabattre dans le garage du guitariste Randy Randall transformé en home studio par la force des choses. Si le processus créatif a donc été un peu bouleversé, ça n’a pas impacté l’ambiance générale de ce People Helping People construit lui aussi sur l’alternance de morceaux rock-noise et de plages instrumentales planantes.
Le disque débute et se termine d’ailleurs par deux titres ambient (You’re Cooked et Andy Helping Andy). C’est donc Compact Flashes qui lance véritablement les hostilités en maintenant une pression constante, sans jamais exploser, telle une longue montée de montagnes russes où la chute n’arrive finalement jamais. No Age préfère enchainer les agréables loopings avec des morceaux qui, si ils n’étaient pas passés à la moulinette des multi-effets, seraient d’imparables sucreries pop (Plastic (You Want It), Rush To The Pond, Slow Motion Shadow) étant donné les évidents talents de mélodistes des deux acolytes.
Les instrumentaux sont parfois épurés à l’extrême, avec simplement un lent solo de guitare couvert d’un effet phaser (Interdependence) ou des nappes de claviers lancinants sur lesquelles la batterie se promène de façon chaotique (Blueberry Barefoot). Autant de pauses pour se remettre de ses émotions entre deux chutes dans le vide, bien qu’à la fin de l’écoute, nos tripes ne soient pas aussi retournées qu’on aurait pu l’espérer. À l’exception de Violence, morceau qui sonne comme un titre oublié des Stooges, on ne sent pas d‘incroyables accélérations qui nous soulèveraient de notre siège, ni de sueurs froides dans un virage inattendu. Malgré tout People Helping People restera un album bienvenu pour les fans de ce groupe définitivement à part, ou pour les oreilles familières aux sons de Suicide, Liars et Sonic Youth. Mais si vous découvrez No Age et le noise, l’expérience pourrait en revanche se révéler éprouvante…
A ECOUTER EN PRIORITE
Violence, Compact Flashes, Slow Motion Shadow
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