
09 Juin 20 No Age – ‘Goons Be Gone’
Album / Drag City / 05.06.2020
Noise pop – art punk
Au fur et à mesure que le temps passe, No Age aime à chaque nouvel album prendre le contrepied de sa production précédente, sans jamais toutefois révolutionner complètement sa grammaire noise pop mâtinée de soupçons garage. Goons Be Gone, qui succède au très intense Snares Like a Haircut, n’échappe pas à cette règle tacite. Le son général est plus ‘crunch’, et la tracklist prend plus de temps pour explorer certains chemins de traverses très expérimentaux. Certes, ce genre d’interlude atmosphérique a toujours fait partie du vocabulaire très art punk du duo de Los Angeles. Il n’empêche que la place que ces parenthèses prennent ici, en plus de chansons moins ‘massives’ et plus bluesy qu’auparavant, font de Goons Be Gone un disque un peu à part quand-même – pas encore tout-à-fait White Stripes ou Black Keys, mais plus très loin d’eux quand-même.
En à peine 34 petites minutes, l’album semble de fait hésiter entre deux directions opposées. S’il propose toujours quelques inévitables hymnes à scander dans un basement show (Feeler, War Dance), il garde néanmoins la trace d’un certain nombre de moments passés dans la cuisine au-dessus, où Randy Randall et Dean Allen Spunt semblent faire leur petite tambouille ludique peinards (Working Stiff Takes A Break, Toes In The Water, A Sigh Clicks), et ce alors même que le reste des invités en est encore à s’exciter au sous-sol. Les fans hardcore apprécieront sûrement cette intimité un peu particulière, les autres peut-être un peu moins. Mais avec un peu de chance, tout le monde finira par se mettre d’accord autour des loops et autres entrelacs de guitare du très planant Smoothie, balade urbaine à l’ambiance nocturne qui, si elle n’a pas de destination particulière, offre tout de même le moment onirique le plus convaincant de l’album.
Pour le reste, No Age n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il passe en vitesse ‘motorik’, comme sur le bien nommé Turn To String, tendu comme vous savez quoi. On aurait juste aimé que cette tension perdure jusqu’aux derniers titres de l’album, un peu en demi-teinte en comparaison. Il ne nous restera donc plus qu’à revenir au premier morceau Sandalwood, et à cette interrogation qui nous avait saisi dès l’irruption de ce petit tube rock intemporel, et qui ne nous a plus lâché ensuite à l’écoute de la voix de Spunt et des riffs de Randall : comment se fait-il qu’en 2020, No Age sonne finalement plus comme du Rolling Stones que comme du Hüsker Dü ? Mais surtout, est-ce si dramatique que cela après 15 ans de bons et loyaux services DIY ?
A ECOUTER EN PRIORITE
Sandalwood, Feeler, Smoothie, Turn To String, War Dance
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