Nas – ‘Nasir’

Nas – ‘Nasir’

Album / Mass Appeal – Def Jam / 15.06.2018
Hip hop


Qu’attendre de Nas en 2018 alors que ses derniers albums n’ont cessé d’enfoncer sa pertinence comme son inspiration ? Sans nouvelles de lui depuis le plaisant Life is Good paru en 2012, la perspective d’entendre le rappeur de Queensbridge sur un format court ‘entièrement produit par Kanye West’, donnait à la sortie de Nasir une ampleur insoupçonnée.

Vestige central d’un musée entièrement tourné vers un age d’or révolu, Nas semble aujourd’hui surnager dans un étrange recyclage, entre comparaisons glorieuses à l’Egypte antique (‘Black Kemet god, black Egyptian gods‘ rappe t-il en ouverture de Not For Radio) et théories fumeuses, plongeant à pieds joints dans le complotisme (‘Edgar Hoover was black‘, ‘Fox News was started by a black dude‘). Le tout sur une production épique, portée par des choeurs censés annoncer LE grand retour d’un artiste venu prêcher sa vérité auprès des masses.

Ce qui devient problématique par la suite, c’est qu’il est difficile de relier les points forts de Nasir à son principal protagoniste. Le rappeur se voit effacé presque une fois sur deux par des productions qui marcheraient presque mieux sans lui : le sample archi répétitif de Slick Rick sur Cops Shot The Kid se suffit à lui même, alors que les cuivres de White Label répondent avec douceurs aux quelques jolies images que le rappeur place dans son texte. Par la suite, l’album s’enlise, oscillant entre l’anecdotique et l’agréable, entre l’ennui profond procuré par les sept minutes d’Everything et le piano d’Adam and Eve accompagnant la routine quotidienne d’un Nas depuis longtemps installé entre sauna, cigare et passages au casino.

Sans réelle implication dans un projet qui laissait attendre une touche plus personnelle, Nas jette de grandes pelletées d’indifférence sur l’écrin soyeux que lui offre Kanye West. A l’inverse d’un Jay-Z, soucieux ces dernières années de recentrer ses thèmes sur l’intime, le Mc, après plus de 20 ans de carrière, n’offre aucun accès à lui-même, ni à une profondeur quelconque. Les thèmes sont rabâchés, usés jusqu’à la corde dans une succession d’images paresseuses, premiers signes d’une vieillesse qui s’annonce ô combien laborieuse.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
Cops Shot The Kid, White Label, Adam and Eve


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