13 Sep 24 Nada Surf – ‘Moon Mirror’
Album / New West / 13.09.2024
Power pop
Si vous étiez adolescent dans les années 90, inutile de vous présenter Nada Surf. Formé en 1993 et emmené par son leader charismatique Matthew Caws, le groupe fait une entrée remarquée sur la scène indie grâce à High/Low, son premier album à la pochette mythique, et explose mondialement en 1996 (eh oui, déjà !) avec le single Popular, hymne générationnel et bande-son d’une époque alors dominée par le grunge, la Super Nintendo et les chemises à carreaux.
Pour beaucoup et sans les en blâmer, Nada Surf fut longtemps considéré comme le groupe d’un seul tube, alors que le trio a traversé trois décennies tranquillement, distillant des albums power pop efficaces et foulant les scènes des cinq continents avec une régularité qui force le respect. D’ailleurs, les américains n’auront jamais vraiment connu le creux de la vague et restent à ce jour extrêmement populaires auprès des amateurs de rock et notamment du public français avec lequel les new-yorkais ont toujours entretenu une relation très particulière. Il faut dire que Caws a vécu plusieurs années en France et qu’il a, avec le bassiste Daniel Lorca, fréquenté le Lycée Français de New-York.
Quatre ans après Never Not Together, ils fêtent leur grand retour avec Moon Mirror, dixième album produit par le groupe lui-même avec la collaboration d’Ian Laughton (Supergrass, Ash), et enregistré dans le mythique Rockfield Studios au Pays de Galles. Un disque voulu très mainstream, sans aspérité, sucré comme un loukoum au Nutella qui reprend habilement toutes les recettes éculées (oubliées ?) du collège rock qui ont fait leurs preuves : introductions accrocheuses (Second Skin qui ouvre efficacement), accords simplistes pour frimer sur la plage (Losing), guitares boursouflées (Open Seas) et chant lisse comme le crâne de Billy Corgan (Moon Mirror aux allures de face de R.E.M période Automatic For The People). On retrouve évidemment au milieu de tout ça la power-ballad sirupeuse (New Propeller) calibrée au mieux pour prendre son envol en tournée histoire de ravir les amoureux transis ou, au pire, pour finir en générique de fin d’une série Netflix.
Les onze titres s’enchaînent, vous l’aurez compris, sans grande surprise ni réelle attente au final. Ne soyons pas trop de mauvaise foi et admettons qu’on a passé un agréable moment, même si on est loin des envolées pop et âpres de Let Go (2002). On ressent même parfois un plaisir coupable mêlé de nostalgie et de vague à l’âme à l’écoute des réussis mais sous-exploités Intel And Dreams et The One You Want. Nada Surf, c’est un peu ce vieux pote de lycée qu’on aime bien, qu’on croise avec plaisir de temps en temps mais qui n’a plus grand chose à raconter, à part ressasser les vieilles anecdotes et donner des nouvelles de gens dont on ne se souvient plus. Le pire, c’est qu’il nous fait quand même un bien fou et qu’au fond, on aimerait bien le revoir plus souvent.
Photo : Paloma Bomé
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