04 Nov 11 Mugison – « Haglél »
Album
(Autoproduit)
10/2011
Folk
C’est à leur capacité à se remettre continuellement en question qu’on reconnait les grands artistes. Mugison, en abordant chacun de ses albums d’un angle différent, a depuis longtemps prouvé qu’il avait chaque fois la force et l’inspiration pour rebondir. « Mugiboogie« , son dernier effort en date paru en 2008, encore aujourd’hui le plus accessible de tous, aurait ainsi du lui ouvrir les portes de toutes les discothèques savamment entretenues par tous mélomanes adeptes de belles mélodies et d’émotions. Mal loti donc, l’Islandais devra encore attendre un peu pour être estimé à sa juste valeur. D’autant qu’avec ce « Haglél », cinquième opus de sa discographie, il refuse comme à son habitude la facilité, et se tire pour de bon une balle dans le pied en interprétant pour la première fois la totalité des titres dans sa langue natale. Ici, entouré d’un groupe totalement voué à chacune de ses idées, Mugison se dresse au croisement des Tom Waits (« Þjóðarsálin ») et Black Keys (« Kletturin ») pour tisser un répertoire plus doux que par le passé, plus souvent folk que pop, quelques fois triste et minimal (« Guano Stelpan », « Stolin Stef », « Ljosvikingur »), parfois country (« Haglél »), mais toujours porté par une touchante mélancolie comme de mélodies à la beauté frissonnante. Car c’est bien cette constance qui fait le charme de ce musicien nordique s’amusant avec une facilité déconcertante à vous dresser les poils des bras, quelles que soient les influences dans lesquelles il puise. En effet, rien qu’au sein de ce « Haglél », son talent s’illumine, qu’il plonge tête la première dans des ballades magnifiquement arrangées (« Stingum Af », « Blindflug »), ou qu’il s’arrose de riffs chauds tentant de survivre au milieu d’une pop des plus efficaces (l’imparable « Afall »). Ainsi, tel un bourreau qui s’autodétruirait, Mugison a beau vouloir priver sa musique d’une popularité croissante, elle ne cesse de renaitre de ses cendres, toujours plus forte et personnelle. Prions pour que, à termes, ce mec ne soit enfin plus seulement une star en son pays.
En écoute
« Haglél »
« Stingum Af »
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