Mudhoney – ‘Morning in America’

EP / Sub Pop / 20.09.2019
Garage grunge

Un an après la sortie de son dernier album, Mudhoney présente Morning in America, EP constitué de sept morceaux enregistrés au cours des sessions de Digital Garbage. On y retrouve d’ailleurs le même esprit de ‘protest songs’ qu’accompagnent de nombreux riffs acérés et des accords de puissance efficaces.

Pourtant, malgré la patte intemporelle du groupe, le disque souffre de quelques redondances et d’un certain manque d’originalité. S’il réussit le pari intéressant d’une certaine forme de cross-over entre garage, punk et grunge (Let’s Kill Yourself Live Again), et si l’énergie et la colère sont suffisamment authentiques pour nous faire apprécier les thèmes et certains passages bien sentis (‘Itching to deliver the final concussion/ Think of me when you become nothing‘ sur One Bad Actor), l’opus manque parfois d’un peu de souffle. On pense notamment au titre éponyme qui, malgré ses intonations hardcore, lasse un peu par son chant assez kitsch/heavy et ses guitares plutôt baveuses pouvant rappeler du Neil Young édulcoré, période Rust Never Sleeps.

Malgré les intentions vindicatives et très louables de Mudhoney, avec des textes souvent intéressants et pertinents (‘The more he speaks/The more we hear what we want to hear‘ sur Snake Oil Charmer), Morning In America ne convainc donc qu’à moitié. Peut être aussi la faute à un travail un peu léger sur l’originalité du son, en dépit de sa qualité. Les guitares notamment sonnent souvent ‘américaines’, avec une mixture d’overdrives power-rock assez banale, allant à l’encontre de la critique que le groupe cherche à faire passer (à moins qu’il s’agisse d’une ironie vraiment assumée).

Comme souvent dans les remous de la ‘protest-music’, on a l’impression que l’atmosphère du disque répond plus à l’urgence d’une situation, une impulsion, qu’à une véritable exigence artistique. Morning in America est loin d’être mauvais, mais risque de se perdre rapidement sur une énième playlist garage. Mudhoney a déjà fait bien mieux, et n’a plus qu’à le prouver de nouveau.