05 Nov 10 Mr Oizo & Gaspard Augé – « Rubber »
Album
(EdBanger)
08/11/2010
Bande originale
La considération du public pour Quentin Dupieux n’est pas la plus forte que le Septième Art ait connu, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour preuve, la dernière fois que le réalisateur – considéré comme un des plus libres du cinéma français – est passé derrière la caméra, c’était à l’occasion de « Steak », film d’auteur mettant en scène le duo Eric & Ramzy qu’une certaine frange des cinéphiles considère encore aujourd’hui comme un des pires longs métrages hexagonaux de l’histoire. Forcément, de telles critiques n’aident jamais vraiment à défendre la bande originale qui va de paire, y compris quand elle réunit des talents aussi divers que reconnus tels que le sont Sebastien Tellier, Mr Oizo et SebastiAn. Pourtant, qu’elle soit bonne ou mauvaise, on n’arrête pas l’inspiration. Du coup, trois ans plus tard, Dupieux refait son apparition pour « Rubber », sombre histoire d’un pneu tueur et télépathe tournée en deux semaines avec deux appareils photo comme seuls moyens. Côté musique, c’est avec Gaspard Augé – moitié de Justice – que Mr Oizo a cette fois décidé de mettre la gomme: un choix censé et prometteur qui laissait présager une belle entente, coincée dans les délires atypiques de l’un, et l’efficacité déjà maintes fois prouvée de l’autre. Par joie, à l’exception d’une poignée de pistes rappelant à l’auditeur qu’il navigue au sein d’une bande originale, et malgré un premier maxi quelque peu trompeur (seul « Polocaust » est représentatif de l’album), le pressentiment se confirme bel et bien sur la longueur malgré qu’on ne trouve pas ici d’electro à proprement parler, ni de beat décoiffant que certains auraient peut être pu avoir l’idée de venir chercher. En effet, si ce n’est « Sheila », « Rubber » offre plutôt un alignement de productions sombres et barrées, qui laissent l’équivalent d’un terrain vague à l’expression mélodique des pianos, synthétiseurs et clavecins (« Everything Is Fake », « Room 16 », « No Reason ») ayant largement contribué à installer et forger l’identité EdBanger sur la place musicale. Ici, plus encore quand c’est une flûte qui s’en mêle (« Racket »), ce sont les scènes de larmes de ces films à l’eau de rose chers aux années 80 qui nous viennent en tête. Comme pour rappeler le caractère décalé de tout ce petit monde, aussi libre qu’imprévisible.
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