Moving Mountains – « Pneuma »

Moving Mountains – « Pneuma »

Pneuma[Album]
01/03/2008
(Deep Elm/Import)

Intègre et novateur à ses prémices, délicieusement mélodique il y a une dizaine d’années, ridicule car marketé à outrance ces derniers temps, on croyait avoir tout vu et tout entendu de l’émo. C’était sans compter sur Moving Mountains, nouvelle signature Deep Elm émergée de l’état de New York, qui vient de nouveau faire souffler un vent de nostalgie et de maturité sur un genre qu’on pensait condamné à s’éteindre à petit feu.

« Pneuma », premier album, sert sur un plateau ce qu’on attendait depuis des années, plus précisément depuis que des groupes comme Elliott, Mineral ou The Appleseed Cast se sont malheureusement mis en veille. Comme eux, le quatuor n’hésite pas à expérimenter, à soigner l’instrumentation, à s’accorder de belles libertés (durée des morceaux, changements de rythme, diversité des textures…) au point de devenir difficilement qualifiable quand on l’aborde dans son intégralité. Car bien sûr, pris au cas par cas, les dix titres de ce disque se rabattent chacun sous une bannière bien précise, qu’elle défende l’émo, le post rock, le rock progressif, ou l’indie rock. Sauf qu’au final, tous n’ont qu’un point commun, celui d’être de magnifiques sources d’émotion, qu’ils suivent un chemin aux contours déjà bien dessinés (« Cover The Roots, Lower The Stems », « Alastika », la pop acoustique de « Sol Solis »), ou qu’ils en débroussaillent généreusement un autre pour atteindre tout aussi rapidement les sommets. C’est, par exemple, ce que ne manquent pas de faire les huit minutes de « 8105 », ou les sept de « Ode We Will Bury Ourselves » pendant lesquelles diverses intensités se succèdent, passant de moments minimalistes à de belles déflagrations, sans jamais faire d’ombre aux mélodies, notamment d’un chant aux quelques envolées époustouflantes. Sans compter qu’entre temps, Moving Mountains aura osé colorer son registre de cuivres, de xylophone et de cordes, pour le compte de titres, ou d’interludes (« Fourth », « Bottom Feeder ») essentiels pour faire respirer et finir d’élever ce « Pneuma » parmi les incontournables d’un label au flair artistique qui n’est plus à prouver. Reste que celui-ci ne le propose qu’en version digitale: un sort quelque peu injuste pour un tel disque qui parvient si brillamment à redorer le blason de l’émo. Une jolie surprise à laquelle on n’osait plus croire..

Ecoutez un extrait ici.

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