Movie Star Junkies – ‘Shadow of a Rose’

Album / Teenage Menopause / 13.03.2020
Romantic garage

Sans cradingue outrancier ni production de stakhanoviste, voilà 14 ans que les Movie Star Junkies occupent une place à part dans le coeur des fans de garage. Affublé d’un coeur percé qu’il arbore à chaque sortie, le groupe italien trempe son insubmersible romantisme dans des oeuvres profondes qui imbibent les accords et autres complaintes de leurs morceaux. Après Jim Thompson et Herman Melville sur leurs derniers albums, c’est au tour d’Hubert Selby Jr, auteur du Démon et de Last Exit To Brooklyn, de convoyer avec nos transalpins pour leur cinquième album, Shadow of a Rose. 

Sans chercher à retranscrire la prose parfois déshumanisée du célèbre écrivain, les Movie Star Junkies semblent s’être inspirés de son sens du désespoir qui habite les ouvriers et les laissés pour compte de ses nouvelles. C’est ce sentiment d’abandon que le groupe met en musique ici, à travers des morceaux au romantisme profond, où les guitares sont autant de regrets et de pincements déchirants (l’enchaînement Song Of The Silent Snow/East End Serenade me serre encore le coeur à l’heure où vous lisez ces lignes). 

Une fois ses larmes séchées, il faut reprendre la route et s’enfoncer toujours davantage dans un album qui sait troquer les épanchements sensibles pour quelques charges : la lourdeur étouffante d’Opium et la rapide cavalcade de Blind rappelle la versatilité bienvenue du groupe qui développe ici suffisamment de teintes et de nuances pour se détacher aisément du tout venant. 

Jusqu’au bout, Movie Star Junkies varie les ambiances et nous entraîne ici dans une ballade détraquée (le cagnard qui émane de Woman Undone rappelle parfois les frappadingues de Tropical Fuck Storm), là dans un matraquage final (She Came Around) qui achève de lui (re)donner sa personnalité protéiforme, seulement uni par ce goût commun pour une tristesse revigorante, amenée à prendre tous les aspects pour combler les malheureux comme les oubliés.