Mount Kimbie – ‘Love What Survives’

Mount Kimbie – ‘Love What Survives’

Album / Warp / 08.09.2017
Electronique


La réinvention de manière constante. C’est ainsi que l’on pourrait résumer la démarche qui est celle de Mount Kimbie depuis une dizaine d’années déjà. Attente incontestable de cette rentrée automnale, le duo londonien nous revient avec un nouveau disque mettant fin à quatre ans d’un long silence discographique. Si en 2013 leur précèdent opus ‘Cold Spring Fault Less Youth‘ leur avait ouvert de nouvelles voies, Dominic Maker et Kai Campos reviennent cette année pour enfoncer le clou avec le bien nommé ‘Love What Survives’, une œuvre qui demeure à ce jour le travail le plus accompli, mature et passionnant de leur carrière. Un passage du troisième album réussi pour ces anglais qui prennent ici une toute nouvelle dimension.

Composé entre Londres et Los Angeles – où réside désormais Dominic Maker – ce nouvel album allie des sonorités mêlant nervosités urbaines (‘Four Years and One Day’) et exotisme mélancolique (‘Marilyn’). Plus que jamais ouvert à la collaboration extérieure – avec des featuring comprenant King Krule, James Blake, Micachu ou encore Andrea Balency – ‘Love What Survives’, plus que ces prédécesseurs, possède une richesse et un éclectisme tout à fait remarquable. Un album à la fois concis et déstructuré qui permet enfin aux deux jeunes anglais de se défaire d’une étiquette post-dubstep qui leur collait depuis toujours à la peau. Mount Kimbie voit ici plus loin, plus large, et se permet de rajouter des vertèbres post-punk, krautrock voire cold-wave (‘Audition’) à une colonne dominée jusqu’alors par l’electronica. Ce qui impressionne d’ailleurs à la première écoute, c’est la facilité déconcertante avec laquelle le duo s’accapare de nouvelles cordes à son arc, mais aussi la continuité naturelle avec laquelle cette évolution s’opère. Tout se mélange ici avec finesse et sensibilité, prouvant à qui en doutait que Mount Kimbie est désormais l’un des groupes contemporains les plus à même de résumer auditivement son époque.

Allant du sonique ‘Blue Train Lines’ emporté par la hargne de King Krule au rythme effréné du single ‘Delta’, du très pop ‘You Look Certain (I’m Not So Sure)’ qui n’est pas sans rappeler les sonorités de Broadcast ou encore de Stereolab, au romantisme cinématographique de ‘We Go Home Together’ et ‘How We Got By’, ce nouvel album bouscule par sa justesse, son intelligence et sa sincérité. Point culminant et perturbant du disque, l’écoute du titre ‘T.A.M.E.D’ sur lequel une voix masculine rappelle étrangement la mélancolie purement britannique de Damon Albarn, et dont la musique résonnerait presque comme une version 2017 du titre Birthday publié en 1990 par Blur sur l’album ‘Leisure’.

En allant piocher dans les figures britanniques du passé (The Cure, Joy Division) plutôt que dans ses contemporains, Mount Kimbie se réinvente de manière troublante et prouve une fois de plus son désir d’expérimentation et son amour inconditionnel pour la réinterprétation. ‘Love What Survives’ est un disque aussi altruiste dans son hommage qu’il est éminemment personnel pour ses deux auteurs. Le titre ‘T.A.M.E.D’ étant l’acronyme de ‘Think About Me Everyday’, il est effectivement totalement impossible désormais d’ignorer ces deux anglais dont le talent ne semble avoir aucune limite.

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ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
‘Four Years and One Day’, ‘Blue Train Lines’, ‘Audition’, ‘Marilyn’, ‘Delta’, ‘T.A.M.E.D’, ‘How We Got By’


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