Morgan Delt – ‘Phase Zero’

Morgan Delt – ‘Phase Zero’

Album / Sub Pop / 26.08.2016
Pop psychédélique

Apres un premier album éponyme signé en janvier 2014 chez Trouble In Minds (Fuzz, Night Beats…), Morgan Delt revient pour ses débuts chez Sub Pop. Le compositeur californien a délaissé les bizarreries low-fi, la fuzz et les ambiances lourdes, fantasques, presque baroques de son premier opus pour affiner le sens de sa musique. Il ouvre du même coup son univers à une pop psychédélique vaporeuse, ensoleillée, mais toujours un peu trouble.

‘Phase Zero’ s’ouvre sur deux titres qui étonnent par leur richesse mélodique: malgré une composition fournie, ‘I Don’t Wanna See What’s Happening Outside’ et ‘The System of 1,000 Lies’ sont beaux simplement, laissant l’album atteindre son zénith avec l’épique ‘Sun Powers’ dont le nom condense l’essentiel de ces dix titres évoquant tour à tour la force solaire des paysages idéalisés de la Côte Ouest.

Dans ses meilleurs moments, le disque contient une forme de plénitude que sait véhiculer la musique psychédélique lorsqu’elle est jouée pure, dénuée d’une certaine hype et de prétentions. Il semble pourtant s’essouffler dans une seconde partie, en revenant vers les territoires connus – et plus surs – du compositeur que sont les expérimentations et le drone ‘ambiant’ parfois un peu mollasson. L’excellent ‘Some Sunsick Day’, tout droit sorti des années 60, clôt cependant l’album de la meilleure des façons. Son rythme ternaire légèrement bancal donne une impression de pesanteur, de flottement qui est, en filigrane, la sensation la plus agréable qui ressort de l’écoute de ces trente-sept minutes.

En l’espace de deux ans, Morgan Delt a sans doute pris le temps de réécouter plus d’une fois les Beach Boys de ‘Pet Sounds’ et d’autres artistes plus obscurs qui appartiennent à une époque où la musique psychédélique s’écoutait sous acide, avec des lunettes rondes. Alors qu’elle se fond aujourd’hui fréquemment dans le rock garage et les saturations, l’album – qui révèle un talent bizarre, discret mais évident – a quelque chose de rafraîchissant. Car s’il nous fait facilement songer à ses fantômes, il parvient à s’éloigner de l’influence inévitable de ces-derniers pour proposer une version moins intemporelle, mais peut être plus moderne de ce que le genre sait toujours offrir.

‘I Don’t Wanna See What’s Happening Outside’, ‘The System of 1,000 Lies’, ‘Sun Powers’


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