Monte Mai – ‘Eye Sea Double’

Album / On The Camper / 03.02.2023
Electro pop psyché

C’est la rencontre de deux mondes. Celui d’Anais Schmidt d’abord – venue de Grenade, ile des Antilles juste au Nord du Venezuela où il fait beau et chaud, et ou l’on vit au niveau de la mer – avec celui de Fabio Pinto et Fabio Besomi, deux musiciens suisses plus habitués à la rudesse des hivers en altitude. Depuis 2020, ensemble au sein de Monte Mai, ils font rayonner une pop psychédélique aux couleurs triées sur le volet, au groove mécanique d’une redoutable efficacité, et à l’humeur introvertie.

Alors que le trio n’avait pas mis de temps à mettre le pied à l’étrier, sortant son premier single il y a tout juste trois ans pour ensuite prendre le temps d’affiner son registre, sans précipitation au rythme d’un morceau par semestre, le voilà fort d’une identité propre, paré au stade du premier album. Eye Sea Double vient donc présenter au monde un visage plus réservé de cette pop psychédélique depuis trop longtemps vulgarisée par Tame Impala, en démontrant qu’il y a dans cette musique autre chose que des compositions surproduites, des arrangements hallucinogènes et des mélodies édulcorées.

Les titres de ce premier album en font d’ailleurs la démonstration en nourrissant l’ensemble de leurs forces respectives. Car Monte Mai ne manque pas d’atouts divers et variés. Le trio peut ainsi compter ici ou là sur son incontestable science du groove (Fever Rays), son sens de la mélodie ne s’embarrassant généralement pas du superflu (Blah, Peaches And Limes), une certaine attirance pour la mélancolie (Sweet Collider, What You Wanna Know, The Other Side of Midnight), sa richesse rythmique (Dig), ou ses écarts électroniques (The Wake Up, Moody Moon Man) pour signer là une oeuvre riche mais cohérente, exigeante mais aboutie, humble aussi si l’on en croit sa facilité à dissimuler une complexité de composition parfois à quelques encablures seulement de Son Lux ou The Notwist. À consommer sans modération, ni risque d’écoeurement.