
18 Juin 24 MONO – ‘OATH’
Album / Pelagic / 14.06.2024
Post rock
Au beau milieu des ravages générés par les J-pop, J-rock et autre K-pop, une belle âme continue à perdurer et à éclairer le monde entier depuis ses contrées nippones : celle de Mono, indétrônable pilier de la scène post-rock. Car après vingt-cinq ans de carrière et douze albums au compteur, le groupe continue toujours aussi sereinement et minutieusement de tracer son chemin.
Celui-ci nous revient, une fois encore, avec un ‘concept album’, OATH, qui retranscrit à sa manière (comprendre : instrumentalement) les réflexions de Takaakira ‘Taka’ Goto (guitare) sur le temps qui passe et l’envie de l’exploiter de la meilleure façon qui soit. Sujet vu et revu depuis la nuit des temps certes, pourtant, composé en plein Covid – période ô combien perturbante pour tout un chacun – ce nouvel opus semble offrir une perspective différente sur la question. Quelques indices sont d’ailleurs disséminés ici et là : l’intro en trois volets (Us, Then / Oath / Then, Us) met par exemple en lumière l’impact durable que le confinement a pu avoir a posteriori sur ce rapport au temps pour bon nombre de terriens. Aux dires de Taka, marqué par la perte de son père et de plusieurs de ses amis les dernières années, il s’agit même simplement d’évoquer là la fragilité de la vie et le souvenir inaltérable de nos chers défunts.
Habitué depuis toujours à l’utilisation d’instruments à cordes dans ses compositions, le quatuor a choisi ici de pousser plus loin ses orchestrations, allant même jusqu’à inclure par moments – un peu à la manière de Mogwai sur Atomic – de la trompette et du cor. Le résultat aurait pu vite virer à la grandiloquence, mais il n’en est évidemment rien. A l’image des nappes de violons et violoncelles qui enrobent tant les lignes de guitares aériennes de Moonlight Drawing que le drone au fuzz bien gras de Run On, des notes de piano minimalistes régulièrement distillées, ou de ces trémolos aux dynamiques enivrantes et à la reverb purement abyssale (Reflection), les Japonais démontrent une nouvelle fois leur pleine maîtrise des éléments.
Là encore, Mono a réussi son coup en nous faisant basculer, tout le long de ces soixante-dix minutes, de la contemplation à la mélancolie, en passant par l’espoir (notamment lors du final de Run On). L’artwork – réalisé par l’artiste égyptien Ahmed Emad Eldin, auteur de la pochette de Pilgrimage of the Soul (2021), mais également de The Endless River de Pink Floyd – illustre d’ailleurs parfaitement ce dernier sentiment évoqué, tout comme le titre de ce nouvel album, véritable hymne à la paix et à l’amour. On se laisse aller à rêver que son écoute permette d’instiller un peu plus de sérénité et de bienveillance par-delà les frontières, surtout dans cette époque pour le moins trouble. En attendant, accueillons aussi ces onze titres comme un bel hommage à ce cher Steve Albini, ami proche des Tokyoïtes et qui, pendant plus de vingt ans depuis son mythique studio de Chicago, aura su capturer de manière si unique leur incroyable intensité live.
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