Mono – ‘Nowhere No Here’

Album / Temporary Residence / 25.01.2019
Post rock

2019 est une année très spéciale pour ces monstres japonais. Depuis 20 ans maintenant, Mono y va de sa tournée annuelle de 150 dates qui, au bout du compte, lui a fait traverser pas moins de 55 pays du monde. Il en sera encore de même cette année puisque le quintet vient tout juste d’accoucher de Nowhere No Here, son dixième album et nouvelle représentation de cette savante mixture de post rock orchestré et de shoegaze bruitiste avançant au rythme de crescendos euphoriques. Sublimée par la beauté comme la mélancolie s’échappant des fidèles piano et cordes (Far and Further, Parting), cette nouvelle salve a elle aussi comme but avoué de capter ce contraste saisissant entre obscurité et lumière, entre calme et chaos : l’écrasant After You Comes The Flood, comme le tentaculaire Sorrow se chargent d’ailleurs parfaitement de le rappeler.

Toujours bien assis sur sa base guitare, basse, batterie (désormais occupée par le nouveau venu Dahm Majuri Cipolla), Mono innove cette fois encore en ajoutant à ses arrangements de toujours – majoritairement cinématographiques – de subtiles touches électroniques (le cuivré Funeral Song) que son guitariste Takaakira Goto semble avoir ramené de sa brève collaboration avec John McEntire (Tortoise, The Sea & Cake…), mais aussi le chant désormais assumé avec brio par Tamaki sur ce Breathe des plus aériens.

Magnifiquement produit par un Steve Albini dont on avait presque oublié la capacité à retranscrire tant de délicatesse sur bandes, Nowhere No Here n’a pour autant rien de totalement dépaysant pour les amateurs du groupe qui, trois ans après Requiem For Hell, renoueront avec un post rock amené au rang de grand art quand il est appliqué avec autant d’expérience, de maîtrise, et qu’il est source de toujours autant d’émotions. Manifestement un registre dans lequel Mono, aussi prévisible qu’il puisse être parfois, se distinguera éternellement de ses milliers d’héritiers. Impressionnant.