Molly Nilsson – ‘Extreme’

Album / DSA – Night School / 14.01.2022
Pop

Sans être tout à fait à l’opposé, d’une certaine manière, ce dernier album de Molly Nilsson porte bien son nom. Extreme. Sorti sur son label, Dark Skies Association, et Night School Records, il dilate le style de la demoiselle, jusque-là très synth-pop (la mélodie synthétisée en haut de l’affiche, le texte bien sombre en soutien) vers un horizon bien plus électrique.

Extreme s’ouvre sur Absolute Power qui explose déjà lors des premières secondes mais monte littéralement en puissance, sur ses grands chevaux soniques, durant le reste du titre. Les guitares prennent le contrôle et détrônent le schéma synthé-boîte à rythmes qu’on se serait attendu à avoir. Le son s’est densifié et l’atmosphère chargée en énergie, c’est au moins tout ce qu’il faut pour affronter le thème de la place des femmes et interroger le regard qu’on leur porte (Earth Girls, Fearless Like A Child).

C’est ambitieux et hélas, la cible semble quelque peu manquée. Extreme part en orbite du côté des eighties (Obnoxiously Talented) mais tourne vaguement autour d’une pop scintillante sans rien proposer de vraiment glorieux ou percutant. Le propos est louable mais l’ambiance ressemble à un râteau pris un soir de bal de promo (Avoid Heaven). Ce qui est dommage car on sait à quel point la suédoise d’origine/berlinoise d’adoption Molly Nilsson peut produire de beaux moments.

Au final, Extreme est plus riche musicalement mais tout ce que le disque prend en puissance, il le perd aussi en profondeur. Il faut attendre They Will Pay pour prendre la mesure du girl power dont Molly Nilsson est véritablement capable, petit bijou punk du disque qui renvoie le kitsch précédent dans les cordes et fait enfin sortir une émotion du lot. Électrique toujours, mais cette fois-ci bien intense.