Molecule – « In Dub V1.0 »

Molecule – « In Dub V1.0 »

In Dub V1.0[Album]
26/02/2007
(Sounds Around/Pias)

Après une démo qui avait suscité un émoi plus que certain auprès des spécialistes (demandez donc à nos collègues de Dubzone.org qui en frissonnent encore), Molecule a malheureusement quelque peu déçu l’an passé en sortant un premier album mi-figue mi-raisin. Ce « Part Of You », aux ambitions sans doute trop grand public, faisait en effet la part belle aux compositions hip hop/ragga assez anodines (cf. les featurings de Leeroy du Saïan Supa Crew ou de l’inévitable Jamalski…) au détriment du sublime dub minimal qui l’avait fait naguère atterrir sur nos platines

Le Parisien a-t-il voulu recadrer rapidement les choses? Toujours est-il que ce nouveau « In Dub V1.0 » revient à ses premières amours moins de six mois après la sortie du premier opus. Epaulé cette fois par l’équipe du label Sounds Around, notre homme ne commet aucune faute de goût et livre enfin l’album que son noyau de fans attendait

Difficile de ne pas rapprocher le dub de Molecule du duo berlinois Rhythm & Sound, tant les deux projets se retrouvent sur l’essentiel: des riddims filtrés jusqu’à ce qu’on n’en distingue plus qu’un faible pouls, substantifique moelle d’une musique faite pour l’élévation physique et cérébrale. Sans aller jusqu’au one-riddim album comme le « See Mi Yah » de R&S, Molecule n’hésite pourtant pas à décliner plusieurs fois de suite une même version, sensiblement réarrangée, pour inciter ses nombreux invités à donner le meilleur d’eux-mêmes

On en a une jolie démonstration dès le début de l’album grâce aux deux singjays français qui accompagnaient déjà Molecule sur son premier effort. Zig Zag pose en effet sa voix suave à quatre reprises et pond l’un des tubes de ce disque avec « Baby Girl », dont les parties de claviers très soulful rappellent aussi parfois Zenzile. Mais on se demande si on ne préfère pas tout simplement l’a cappella final de ce titre qui est un monument de sensualité. Sur le même riddim, Nemo s’amuse avec un « I Dedicate » un poil plus enjoué mais tout aussi envoûtant, et se fend en fin d’album d’un abyssal « No Easy » qui fera vraisemblablement trembler vos murs. Invitée de marque, la chanteuse new-yorkaise Honeychild Coleman, proche de la nébuleuse Wordsound et invitée occasionnelle de Badawi et Spectre, habite quant à elle le superbe « Gazelle » et ferait presque regretter que cette collaboration n’eût pas été poussée plus avant

Molecule n’abandonne pas pour autant ses influences hip hop, mais les incorpore plus subtilement à l’ensemble, même si on retrouve bizarrement tel quel le morceau « Wake Up », déjà au tracklisting de « Part Of You », en collaboration avec le rappeur/beatboxer Eklips (du groupe Le Remède). Le MC new-yorkais Webbafield est aussi réinvité pour deux prestations enlevées qui devraient séduire les amateurs du catalogue de Lex Records. Le canadien Soul J signe de son côté un efficace « Under Pressure » qui pourrait bien faire carrière sur les dance floors de 2007. Le français MC Runigga (déjà croisé aux côtés du producteur 9th Cloud) assure le quota de toast ragga rocailleux sur l’inquiétant « Convictions », tandis qu’ici ou là les scratches de Dj Suspect (que vous entendrez bientôt sur « Atlantic Connection All Stars », l’album de Clutch Player à sortir sur BBE) partent se perdre dans les filtres de Molecule

Ce « In Dub V1.0 » remet donc toutes les pendules à l’heure et permet enfin à Molecule d’affirmer son identité entre dub et hip hop sans se faire tirer dessus d’un bord ou d’un autre. Vu l’étendue de la tâche, on ne peut qu’applaudir des deux mains (même si je reconnais une certaine difficulté à n’applaudir que d’une main. Certes.)

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