01 Sep 17 Mogwai – ‘Every Country’s Sun’
Album / Rock Action / 01.09.2017
Post Rock
S’ils ont passé la seconde moitié de leur désormais longue carrière à s’acoquiner régulièrement avec le cinéma, les pionniers du post rock ont toujours servi leur musique au public pour qu’elle l’emmène ailleurs, pour qu’il se fasse des films et s’échappe autant que possible d’une réalité pas toujours évidente à encaisser. Autant dire que, au beau milieu de l’axe Donald Trump – Kim Jong-Un que nous sommes, la bande originale ‘Atomic : Living in Dread and Promise‘ sortie l’an passé par les écossais prend plus que jamais son sens. Heureusement, les quatre sont déjà de retour, bien décidés à réchauffer les coeurs avec ‘Every Country’s Sun’, un neuvième album qui fait le ménage autant qu’il synthétise.
Parce que, à l’image de titres comme ‘Battered at a Scramble’, les guitares sont bel et bien de retour chez Mogwai. Peut-être pas au front comme elles l’étaient il y a vingt ans mais, bien aidées par la basse, elles ont manifestement joué des coudes pour reprendre cette place que les synthés avaient osé monopoliser en 2014 sur ‘Rave Tapes‘. Cette base bien posée et confiée aux oreilles du fidèle Dave Fridmann, le groupe tire ici durant onze titres ses grosses ficelles qui n’ont jamais cédé à l’usure : la grâce, la mélancolie (’20 Size’), l’intensité (‘Old Poisons’), l’introspection au minimalisme cinématographique (‘AKA 47’, ‘1000 Foot Face’), et le volume, tout en progression sur ‘Don’t Believe The Fife’ et l’incontournable conclusion éponyme.
A cela s’ajoute ce que le groupe a su coudre à son oeuvre au fil du temps, des bribes électroniques (‘Coolverine’) aux élans pop les plus concrets jamais entendus chez lui (le tube ‘Party In The Dark’), en passant par quelques souffles de claviers toujours présents malgré tout (‘Brain Sweeties’). Parce que Mogwai ne renie rien de son passé, préférant le transformer pour gagner en force et pouvoir affronter ce qui l’entoure. La preuve, les deux mois durant lesquels il s’est enfermé en studio, David Bowie a rendu l’âme, le Brexit s’est imposé, et Donald Trump s’est emparé du siège de la plus grande nation au monde. Flippant. Difficile donc de voir d’un mauvais oeil la bête ressortir de sa tanière avec, entre les dents, un nouvel album en clair-obscur qui, à défaut de garantir la joie, offre cette pureté des grands espaces ou l’oppression (quelle qu’elle soit) n’a pas sa place.
A ECOUTER EN PRIORITE
‘Coolverine’, ‘Party in the Dark’, ’20 Size’, ‘Don’t Believe The Fife’
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