Moderat – ‘More D4ta’

Album / Monkeytown / 13.05.2022
Electro pschitt

Quand en 2017 à Berlin, soit quelques mois après la sortie de son troisième album, Moderat annonçait devant 17 000 personnes qu’il allait appuyer sur pause pour laisser place à un hiatus à durée indéterminée, les trois allemands étaient loin d’imaginer que l’actualité sanitaire allait sous peu leur imposer d’occuper leur temps comme ils le pouvaient. Plusieurs confinements ayant donc eu raison de cet arrêt des activités, Modeselektor et Apparat sont retournés en studio pour relancer une machine particulièrement bien huilée, au point de faire de ses ingénieurs une incontournable tête de gondole de l’électro mondiale.

Logiquement centré sur les problématiques d’isolement et de surcharge d’informations – les deux principaux fléaux que celui du Covid a eu comme conséquences – More D4ta reprend les choses là ou le trio les avaient laissées : sur le terrain d’une electro pop mélodique et émotionnelle, d’atmosphères flottantes. Seulement, comme étouffé par une envie plus circonstanciée que motivée, le groupe a ici toutes les peines du monde à renouer avec son efficacité passée. La faute, peut être, à la volonté de mettre en retrait la voix de Sascha Ring qui tente pourtant de maintenir le navire à flot à la moindre occasion (Easy Prey, Undo Redo). Du coup, Moderat sort le plus souvent les rames, sans pouvoir lutter contre les courants d’inspiration contraires qui l’obligent au surplace.

Entre une tentative d’expérimentation convaincante (Fast Land rappelant Boards of Canada) et un hymne electronica que ne renierait ni Radiohead ni Depeche Mode (Undo Redo), tout n’est pourtant pas à jeter ici. Reste que, comme ancré à des morceaux où il ne se passe rien (Soft Edit, Numb Bell, Copy Copy) sinon pas grand chose (Drum Glow, More Love, Doom Hype), ce nouvel album est loin d’atteindre la superbe de ses trois ainés. More D4ta restera donc à Moderat ce que les Washington Bullets ont été à Michael Jordan, ou ce que le PSG sera à Lionel Messi : un pschitt.