
14 Mai 25 Model/Actriz – ‘Pirouette’
Album / Dirty Hit – True Panther / 02.05.2025
Electro noise
Commençons par un mea culpa : celui de ne pas avoir, en 2023, pris Dogsbody dans les dents au moment de sa sortie. Il nous aura fallu quelques mois pour tomber sur cette bombe à retardement, nos efforts de défrichage de talents émergents ayant ses limites. Alors, quand nous avons appris que la formation new-yorkaise remettait le couvert pour un deuxième album, autant dire que nous étions sur le qui-vive. Au point, peut-être, d’avoir placé des attentes légèrement au dessus de ce qu’un groupe est capable d’accomplir en l’espace de deux ans.
Il faut dire que l’univers à la fois dense et post-post- (pour reprendre la formulation des Psychotic Monks) de son précédent effort avait mis tout le monde d’accord, que ce soit sur scène ou en studio. Point de baisse de régime ici, bien au contraire : la pulsation se fait plus frénétique encore, les timbres plus technoïdes, presque house (Departure, Audience) ou trance (Vespers, Cinderella) par moments. Devant ces circonvolutions fréquentielles se détache toujours l’un des plus grands atouts de Model/Actriz : la voix de son chanteur, Cole Haden, dont la sensibilité queer appose des paillettes et des larmes de cristal sur ces paysages brutalistes. ‘All that glitters remains forever‘… Ce n’est sans doute pas un hasard si le disque commence sur ces mots. Ce qui brille, ce qui rouille aussi, ce qui s’altère dans l’impermanence… Avec ses mélodies en forme d’hymnes pop glissantes sur ses rêches apparats instrumentaux, on assiste au déploiement d’un tapis anti-chute par DITZ et Chalk afin de sauver le gamin que Michael Jackson avait bien failli échapper depuis la fenêtre de son hôtel Berlinois au début des années 2000.
On pourra toujours reprocher au disque son aspect monolithique, qui fait souffrir l’ensemble d’un relatif manque de nuances et de contrastes. Les tempi se suivent et se ressemblent, les tonalités et les structures aussi. Son chant, aventureux malgré un certain maniérisme – avec notamment ce passage en voix de tête sur une sixte qui trouve ici sa place sur quasiment chaque couplet – se confronte à des effets et une production que certains pourront juger un poil trop lisse, dénotant avec les ambitions plus déviantes de l’ensemble. Mais qu’importe. Souvent cauchemardesque et hanté (Diva), osant le spokenwords (sur l’angoissant Headslight) ou la trap noise façon Kim Gordon (Poppy, Ring Road), Model/Actriz défile en grande pompe, quitte à répéter certaines fulgurances du premier album (Doves). Et si Acid Rain s’approche de la perfection sensible de Sun In, c’est pour mieux nous rappeler que le groupe est aussi bon dans des univers plus apaisés (Baton), dans un monde où la violence cherche à dissimuler la plus douce des caresses. Pirouette toute relative donc, mais un deuxième album aussi fort et impactant que le précédent, malgré ses limites.
A ECOUTER EN PRIORITE
Vespers, Cinderella, Acid Rain
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