28 Août 18 Mitski – ‘Be The Cowboy’
Album / Dead Oceans / 17.08.2018
Indie pop
A chaque nouvel album, Mitski semble se défausser un peu plus des expérimentations quasi-bruitistes qui caractérisaient ses débuts. Comme si la jeune américano-japonaise, engrangeant confiance et maturité, nous autorisait, par pallier successifs, à accéder au plus profond de ses peines. Il y avait déjà quelque chose d’ambivalent et de profondément touchant à la voir se livrer de manière inédite sur le précédent Puberty 2, dont le titre à lui seul faisait office de manifeste. Sur Be The Cowboy, Mitski range (pour de bon ?) les guitares noisy afin de livrer son travail le plus pop à ce jour. Concis – il excède à peine la demi-heure – et objet d’une production particulièrement soignée de la part de Patrick Hyland, collaborateur de longue date de la jeune femme, ce nouveau disque n’en demeure pas moins plein de reliefs. Plutôt que d’utiliser le format pop comme d’une case par défaut, la musicienne emploie ses contraintes de durée et de ton pour peindre des scénettes où apparaissent toutes les contradictions qui sont les siennes. Et qui inévitablement trouvent un écho chez nous, auditeur.
L’amplitude de Geyser avec ses grandes harmonies de clavier laisse échoir sur Why Didn’t You Stop Me à la drôle de rythmique disco. Et ce n’est qu’un exemple. Mitski apparaît tour à tour en figure isolée – la solitude est un thème dominant – mais aussi en femme de poigne à la manière d’une Debbie Harry. D’ailleurs, sa voix s’en rapproche régulièrement comme sur l’intriguant tube Nobody au refrain à la fois triste et joyeusement entêtant. Elle, qui expliquait en 2016 au site Line Of Best Fit : ‘J’écris des histoires personnelles sur mes relations intimes et la vie en ce monde en tant qu’être humain… Mais comme on me voit de l’extérieur comme une américano-asiatique, mes expériences s’en trouvent influencées sans que j’en sois vraiment consciente‘, conserve cette aura délicate et complexe. En témoignent aussi les arrangements, où chaque note dans l’espace qui lui est donné vient fondre dans un même socle entre le fond et la forme. En résulte, lorsqu’on y prête attention, des morceaux droits vers l’os, toujours enveloppés de mélodies bien troussées mais surtout sincères. On achèvera longtemps nos soirées sur le dernier Two Slow Dancers.
A ECOUTER EN PRIORITE
Geyser, A Pearl, Me And My Husband, Nobody, A Horse Named Cold Air, Washing Machine Heart, Two Slow Dancers
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