Mildlife – ‘Automatic’

Album / Heavenly / 18.09.2020
Rock progressif

Trois ans après leur très prometteur premier album Phase, les australiens de Mildlife reviennent confirmer avec Automatic tout le bien qu’on pensait de leur rock progressif. Ils démontrent aussi que les antipodes sont certainement le creuset le plus inspiré de la scène rock actuelle.

Loin des sonorités stoner ou psychés auxquelles Osees ou King Gizzard & The Lizard Wizard nous ont habitués ces dernières années, Mildlife se démarque par l’approche résolument jazz et atmosphérique, voire mathématique, de ses compositions. Le quatuor fait vibrer les claviers, ronfler les cuivres et les flûtes sur des titres longs, traversés de jams inspirés, et en partie improvisés.

Au-delà d’une maîtrise impeccable de leurs instruments, leur sens de la mélodie et la progressivité de chaque composition sont impeccables, oscillant toujours savamment entre un swing disco (le très accessible et ‘formaté’ Vapour) et de longues nappes planantes (Citations). La musique de Mildlife est une synthèse moderne de tous les sons qui ont donné ses lettres de noblesse au rock progressif : on retrouve avec plaisir les atmosphères perdues de Steve Hackett ou Alan Parson, dans la voix, les claviers et les basses rebondies de Rare Air et Automatic. L’admirable Citations est un chef d’oeuvre rappelant les étirement du Echoes des Pink Foyd (quand même !), porté par le dialogue tranquille basse-guitare, traversé de coups de vents, de fins de phrases se distordant vers les aigus, et un jeu avec la stéréo digne des pionniers de la bande magnétique.

Groupe de scène avant tout, Mildlife sait aussi éviter l’écueil du ‘groupe de techniciens brillants et chiants’, et contourne l’ennui en laissant un groove lascif traverser tout l’album. Vapour, premier single, rappelle le goût marqué dans l’album Phase pour la disco, alors que Memory Palace s’étire dans un jazz-funk très maîtrisé, et les claviers de Downstream révèlent un ethno-funk chaloupé qui ne déparerait pas dans un album d’Altin Gün. Le groupe ouvre des portes nouvelles au rock progressif et si son inspiration ne se tarit pas, nous promet de beaux voyages dans les années à venir.