
26 Avr 25 MIEN – ‘MIIEN’
Album / Fuzz Club / 18.04.2025
Rock psychédélique
C’est peu dire qu’on se réjouit du retour de MIEN, le side project le plus ambitieux et surtout le mieux accompagné d’Alex Maas, homme orchestre des Black Angels et initiateur du désormais incontournable festival Levitation d’Austin. Avec cette formation, le chanteur s’entoure de talents aussi inspirés que lui, et apporte à l’explosivité de ses compositions une densité spectrale fascinante.
Second album seulement du combo, MIIEN impose le quatuor comme une évidence. Oscillant dans des eaux psychédéliques trop rebattues pour être encore définissables, les quatre imposent une pop hantée d’ectoplasmes et de glitchs, aussi mélodique que sidérante. Un tour de force que leur permet leur curiosité et la variété de leurs expériences respectives. Dès lors, il nous est impossible de nous lasser des dix titres chavirants qui cascadent durant quarante cinq minutes.
L’ouverture (le magistral Evil People, puis Counterbalance) nous rappelle forcément les origines du leader de la bande. Guitares musclées, ruptures, rythmique entrainante voire dansante, voix claire d’Alex Maas saturée de réverbération : les fantômes des Black Angels ne sont pas loin. Régulièrement au fil de l’album, on retrouve avec plaisir leur densité (l’hyper-efficace Empty Sun, Slipping Away). Mais la présence de Rishi Dhir se fait rapidement sentir : ostinato des machines de plus en plus prégnant, loops, glitchs… Le sorcier, qui nous portait vers l’ivresse sur le premier album grâce à son jeu de sitar, prend ici le contrôle de l’électronique et de la programmation. L’envoûtement reste permanent, grâce aux boucles, échos et vibratos sur Mirror, How Could You Run ou l’hypnotique Tungsten et ses claviers rétro, toujours entêtants. C’est probablement dans cet équilibre voix céleste/déraillements mélodiques que l’expression du psychédélisme de l’album est la plus forte et la plus réussie.
Mais le pouvoir de séduction du disque serait incomplet sans un troisième compagnon de route, plus secret que les deux précédents, mais au moins aussi important. John Mark Lapham, qui opère au sein de nombreux collectifs (son projet Old Fire est le plus symbolique) ne conçoit la musique que par le pas de côté, l’hypnose, l’accueil de l’étrange et de la nouveauté. Certains ont fait d’une collaboration avec lui un must (Julia Holter, Bill Callahan…). MIEN, lui, y trouve autant de lumière que de ténèbres, un apport folk expérimental ténébreux (le spectral Morning Echo), ou les sonorités électroniques aliénantes et poisseuses de Knockin’ On Your Door ou Silent Golden.
MIIEN est un album vivant, une matière oscillant entre l’orage et la brume, habité de spectres fantasques et romantiques jouant à cache-cache entre des tombes. C’est surtout le fruit d’une évidence : celle de quatre musiciens et producteurs qui se sont parfaitement trouvés, débarrassés de leur égo, cherchant sans cesse à ne faire valoir que ce que l’autre a de mieux. Ca ne pourrait pas mieux fonctionner.
Photo : Bowen Stead
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