26 Avr 24 Midscale – ‘Movements’
Album / Autoproduit / 05.04.2024
Post rock shoegaze
Pas de mouvements sans éléments, pas d’éléments sans mouvements. C’est dans cette perspective quasi métaphysique que Midscale, formation parisienne autrice d’un premier EP prometteur paru il y a deux ans, impose peu à peu depuis lors son univers dans l’antichambre du rock indie hexagonal.
Lorsque le groupe se retrouve au studio de La Cuve (Péniche, Trainfantôme, Fragile) en mai 2023 pour enregistrer cet album, il a déjà derrière lui une histoire, des fondations, un son. Formé début 2021, Midscale changera simplement de chanteur entre temps, conservant son identité instrumentale, ses ambitions aériennes et ses thématiques existentialistes. Face aux mélodies et textures planantes du duo de guitariste formé par Yohann Bardoc (également au chant) et Valentin Goubert, la section rythmique de Gabrielle de Saint Leger (basse) et de Sébastien Laboucher (batterie) n’est pas en reste pour générer et maîtriser le magma de ces sept compositions, agrémentées d’une belle introduction, toutes situées bien au-dessus de la médiocrité induite par la fameuse échelle à laquelle le nom du groupe fait référence.
Nothing, porté par son efficace combo basse-batterie, sa guitare sous chorus, son refrain entêtant et sa doublure de voix schizophrène donne d’emblée la température : froide ou ardente (parfois simultanément), contenue dans des tempi aussi variés que la diversité des émotions humaines, ne laissant jamais filer la sensation de cette inéluctable marche du temps qui se joue du destin comme de nos vies pour mieux faire face à l’adversité du néant, à la peur du vide, à la possibilité du rien. Plus teenage dans l’âme, mais non moins fascinant, Bleeding in the Backseat marche sur les traces de Lush, référence absolue dans cet univers que l’on ne saurait déprécier, bien au contraire. Love et ses trois accords de guitares réverbérées, et surtout sa mélodie obsédante transparaissant peu à peu pour nous aider à trouver la lumière enfoncée dans les ténèbres, nous mène naturellement jusqu’à Lush – le morceau cette fois-ci, mais est-ce bien là un hasard ? Bâti comme l’exploration de la quintessence même du genre post-rock, il constitue une envolée instrumentale édifiante, mêlant timbres électriques et couleurs plus orchestrales, inscrivant par cet alliage le titre au rang des joyaux du disque, une véritable pièce d’orfèvre résultant de l’alchimie régnant entre les musiciens. Le delay très marqué de Well ramène ensuite le spectre d’une autre influence principale qui semble planer sur le groupe : Slowdive, et plus particulièrement celui de l’album Souvlaki. Un titre qui prend son temps pour se révéler et déployer ses larges ailes, dans sa seconde partie, pour prendre alors une ampleur considérable. Peat rejoint lui les rangs de la veine la plus mélancolique du post-punk, avec sa dimension plus frontale et directe, tandis que Black in May s’impose comme la conclusion rêvée d’un disque mouvementé et chargé d’émotions, entre spleen et idéal.
Remarqué en première partie d’Explosion In The Sky au Bataclan en novembre dernier, Midscale vise donc juste, dans l’héritage de ses sonorités comme dans l’affirmation de sa propre identité. Tantôt abrasif, tantôt contemplatif, Movements évolue alors bien au-dessus de la moyenne pour venir se situer dans le haut du panier de ce que la scène française peut nous proposer en matière d’esthétiques mélancoliques et de fureurs électriques, combinées et exaltées. Et tout cela dans un premier disque. Ce n’est pas rien.
A ECOUTER EN PRIORITE
Nothing, Love, Peat, Black in May
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