21 Oct 20 Mickael Mottet – ‘Glover’s Mistake’
Album / We Are Unique / 09.10.2020
Pop exploratrice
Mickaël Mottet a une affection pour les noms. Ses différents projets jalonnant une carrière musicale d’une belle quinzaine d’années, sont autant de noms propres : le sien, mais aussi The John Venture, ou Angil & the Hiddentracks. Cette affection, on la retrouve dans les paroles de Glover’s Mistake où l’on croise une vaste galerie de personnages allant de Liz Phair à Mimi Parker, en passant par Mélanie de Biasio, John Kennedy, James Newell Osterberg Jr. (Iggy pop), Mark E. Smith ou encore tous les animateurs clés de BBC 6 Music. On y verra plus une cartographie d’hommages qu’un penchant pour le name-dropping. Un besoin de se situer, de territorialiser sa musique, aux strates nombreuses, aux influences protéiformes.
S’il a choisi d’utiliser son propre nom ici, c’est parce que Mickaël Mottet joue l’ensemble des instruments, à l’exception des vents. Et le fait qu’il ait la main sur les arrangements ne l’éloigne pas trop de ses terrains de jeux du passé. On retrouve ainsi avec grand plaisir des airs du superbe Now d’Angil & The Hiddentracks sur l’entame I Won’t Be Still.
Les arrangements soignés, le champ lexical élargi (Mottet est traducteur, ce qui permet d’éviter les approximations franglaises des lyrics), et le questionnement de sa place dans l’histoire de la pop contemporaine pourraient nous conduire, hâtivement, à cataloguer le projet en pop érudite. Mais on juge un disque pop sur ses mélodies, et non sur son background culturel. Et la vraie force du Stéphanois est là : allier une ingéniosité des arrangements à un sens aiguisé de la mélodie. Ainsi, le mélange de piano froid et de percussions groovy de The Invisible, les sons de clavecins et la boite à rythme de The Butt, le phrasé hip-hop et les instruments à vent sur 15 Ways To Leave Mark E Smith, sont autant d’identités fortes qui jaillissent de cet enchainement de contrastes. Un enchainement unifié par la voix de Mottet, qu’elle soit orientée vers ses muses d’antan, du coté du label Anticon, ou par sa muse réelle à qui il rend hommage en couverture de l’album, comme pour servir d’ultime passerelle entre les différents noms qui ont construit ce disque.
On ne peut qu’espérer retrouver ce projet dans une version live, surtout lorsqu’on se souvient de la précision et de la force des concerts d’Angil. La liberté qu’a prise le compositeur stéphanois nécessitera pas mal de types en backing band, mais on fait confiance à ce Damon Albarn français qui partage avec le londonien la multiplicité des champs d’action, et un certain timbre de voix, pour s’entourer au mieux.
A ECOUTER EN PRIORITE
I Won’t Be Still, Bbc 6 music, Glover’s Mistake
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