09 Fév 18 MGMT – ‘Little Dark Age’
Album / Columbia / 09.02.2018
80’s synth pop
Il y a toujours eu beaucoup d’interrogations et de paradoxes dans le parcours erratique, comme dans la musique de MGMT. En 2008, le duo américain était propulsé malgré lui dans la cours des grands avec Oracular Spectacular, un premier album qui, en plus de dégainer quelques tubes devenus planétaires, donnait un véritable coup de fraîcheur à une musique pop qui n’avait de cesse de perdre en inventivité. Deux ans plus tard, soucieux de se défaire de cette étiquette de hit makers, les deux acolytes publiaient l’incroyable et kaléidoscopique Congratulations, album dense et riche, totalement à contre-pied de son prédécesseur, que ses propres auteurs considèrent encore curieusement bâclé. Puis en 2013, avec l’éponyme MGMT, Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser semblaient retrouver une certaine forme d’apaisement avec un disque qu’ils annonçaient doux et spontané, finalement le plus mystérieux et inaccessible de leur discographie. Des paradoxes et des interrogations donc. Pourtant, dans ce parcours quelque peu atypique, le duo a toujours affiché certaines constantes : son songwriting hors pair, son inventivité sans limite et son humour bien à lui. Trois qualités qui ne cessent de susciter l’attente à l’aube de chacune de ses sorties.
MGMT revient donc en 2018 avec un nouvel opus intitulé Little Dark Age, qui tend malheureusement à lever le voile sur une bien triste réalité : son manque flagrant d’inspiration. La déception est ici à la hauteur de l’attente démesurée que provoque encore ce groupe. Non pas que cet album soit un échec retentissant puisqu’il affiche encore quelques perles qui raviront les fans inconditionnels du duo (Little Dark Age, Me & Michael), mais il semble malgré tout assez inoffensif et sans réelles prises de risques, ce qui est clairement regrettable pour les aventureux notoires que sont Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser. On est bien loin des expérimentations sonores et du songwriting auxquels nous ont habitués les deux new-yorkais, une fois de plus accompagnés par l’habituel producteur Dave Fridmann (Flaming Lips, Tame Impala) signant ici une surproduction véritablement ennuyeuse.
L’utilisation abusive des synthétiseurs et les clins d’œil non dissimulés aux années 80 se rajoutent donc à ce triste constat, et font du MGMT actuel un groupe quelconque, lui qui était pourtant considéré comme le porte étendard du renouveau pop il y a tout juste dix ans. Pour la conception et l’écriture du disque, les américains ont aussi fait appel à Patrick Wimberly (moitié du groupe Chairlift) ainsi qu’à d’autres artistes tels que Connan Mockasin ou encore Ariel Pink : une fine équipe qui s’annonçait prometteuse sur le papier mais qui n’a semble-t-il pas réussi à pousser le groupe assez loin dans ses retranchements et ses recherches.
Simple erreur de parcours ou véritable premier signe de déclin ? Il faudra du temps pour pouvoir se prononcer. Mais il est d’ores et déjà certain que ce nouvel album de MGMT ne marquera définitivement pas 2018. Non, cette année, mieux vaudra fêter les 10 ans d’Oracular Spectacular, ou tout simplement réécouter les autres disques du groupe qui, eux, devraient encore et pour longtemps demeurer de véritables sources d’inspiration pour les générations à venir.
A ECOUTER EN PRIORITE
Little Dark Age, Me & Michael, TSLAMP, One Thing Left To Try, When You’re Small, Hand It Over
Pas de commentaire