09 Oct 20 Metz – ‘Atlas Vending’
Album / Sub Pop / 09.10.2020
Punk rock noise
Le bateau-monde prenant l’eau de toute part, Atlas Vending tombe à pic pour nous fournir la sinistre bande-son du naufrage redouté. Outre Automat, une compilation regroupant les premiers enregistrements du groupe de Toronto, la dernière fois que nous avions eu des nouvelles de Metz fut lorsqu’il avait franchi le pas logique que tout le monde attendait de lui, à savoir enregistrer chez Steve Albini. Le résultat, Strange Peace, avait permis de montrer une facette moins ‘clinique’ du trio, plus proche de leurs prestations live. Pour la production de ce quatrième album toutefois, les trois lascars n’ont pas reconduit l’expérience Electrical Audio, préférant ce coup-ci s’acoquiner au new-yorkais Ben Greenberg (également guitariste du duo indus-metal Uniform). On pouvait donc s’attendre à un retour à une certaine froideur. On ne sera pas déçu…
Pulse, aussi sec et répétitif que des coups de trique infligés dans un donjon BDSM chez Girl Band, ouvre ainsi les hostilités et donne le ton de ce qui va suivre, à savoir une grêle de riffs tranchants sur fond de grisaille malsaine et étouffante. Le hook retors et sinueux d’Alex Edkins à la guitare sur The Mirror, tel un serpent s’échappant de vos doigts en permanence, semble conçu pour vous étrangler. Ailleurs, les coups de massue d’Hayden Menzies finissent le sale job tandis que la basse de Chris Slorach égrène impitoyablement les secondes qu’il vous reste à vivre. On se retrouve vite le crâne broyé et la gorge serrée. Chaleureux, confortable et amical, le décor est posé en trois titres.
Pourtant, à y regarder de plus près, quelques timides rayons de soleil percent les nuages ici ou là. En attestent des chœurs parfois très enlevés, voire lyriques, même si logés au fond du mix (Blind Youth Industrial Park, The Mirror). Ou encore des passages que le Fugazi d’In On The Kill Taker – voire celui de The Argument – aurait pu composer (Hail Taxi). Rien qui ne puisse rapprocher Metz d’un tribute band à Enya, mais on appréciera quand même ces courts moments de répit – surtout qu’ils permettent d’éviter de justesse ce mode ‘pilote automatique’ qui avait un tantinet gâché le deuxième album du trio. Après deux titres plus anodins (Draw Us In, Sugar Pill), on est par exemple ravi de tomber sur Framed By The Comet’s Tail – surprenant et malsain comme une piste cachée en fin d’album chez Nirvana, mais avec la rigueur et la précision d’un scalpel chirurgical en prime. On notera au passage que si la voix blanche d’Edkins reste efficace d’un bout à l’autre du disque, c’est bien sur ce titre que cette dernière déploie toute son expressivité, preuve supplémentaire que Metz a aussi besoin de ce genre d’étape dans ses équipées sauvages…
A Boat To Drown In conclue les festivités avec une morgue notable, démarrant sur un des meilleurs riffs jamais écrits par le groupe, avant un refrain crâneur, sarcastique et désabusé sur l’appel du large. Mais ce que les fans retiendront surtout, c’est cet incroyable tunnel motorik en bout de course. Les croches s’y succèdent à la six-cordes sans coup férir, et c’est avec un certain effroi que l’on finit par se rendre compte qu’elles sont constituées… d’une seule note. Une seule, certes rapidement soutenue par toutes sortes de boucles, d’arpèges et d’effets reverb’ pluvieux… Mais une seule note quand-même, insistante, obsessionnelle, lourde de sens en ce qu’elle annonce tragiquement le mur vers lequel votre véhicule en roue libre finira bien par se crasher – ou encore l’ouragan qui viendra immanquablement engloutir ce qui reste de votre frêle embarcation. Vous avez dit ‘hypnotique’ ? Ici, Metz arrive à contredire tout ce que l’on croyait savoir sur lui. Parfois, les formules les plus simples sont les plus efficaces. Quand elles ne sont pas aussi les plus flippantes.
A ECOUTER EN PRIORITE
A Boat To Drown In, Blind Youth Industrial Park, The Mirror, Hail Taxi, Framed By The Comet’s Tail
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