Mercury Rev – ‘Born Horses’

Mercury Rev – ‘Born Horses’

Album / Bella Union / 06.09.2024
Rock

Quinze ans que je n’avais pas réécouté Mercury Rev. Et dès les premières notes de Deserter’s Songs, tout, absolument tout m’est revenu : le timbre écorché de Jonathan Donahue, les choeurs fantasmagoriques sur Endlessly, l’indicible montée en puissance de Holes, à la fois évidente et pourtant si fragile. C’était le quatrième album du groupe américain, on était en 1998. A priori bien loin de la sortie, plutôt inattendue, de Born Horses sur Bella Union.

Entre les deux, une configuration chaotique. Le groupe, qui avait déjà bien préparé le terrain avec les départs de David Baker et John DeVries, s’est enraciné dans un nombre incalculable de va-et-vient, qu’ils soient d’ordre de la dissonance personnelle (Donahue et Grasshopper en tête) ou du désaccord musical (d’expérimental à pop). Les disques qui pavent le chemin de Mercury Rev sont donc tous pétris d’une identité multiple, sinon contrariée, grande ouverte aux influences extrinsèques. Preuve en est avec cet album de reprises sorti en 2019 et dédié à la déesse country-soul du Mississippi, Bobbie Gentry.

Sur Born Horses, c’est une autre filiation qui se manifeste. Sean ‘Grasshopper’ Mackowiak convoque le Blade Runner de Ridley Scott, le poète Robert Creeley et l’artiste Tony Conrad, influent professeur auprès du musicien. Mercury Rev dresse un pont entre les disciplines, distend les genres et les époques mais cite des références ancrées dans une relation questionnante au monde. De quoi se sonder soi-même, dans un paysage intimiste (Mood Swings), porté par la voix étonnamment grave de Jonathan Donahue, lequel déblatèrera sur ce point des propos assez saugrenus impliquant un oiseau qui chante.

Sans doute celui de There’s Always Been A Bird In Me, morceau galopant à peine contenu par les notes de piano de Jesse Chandler. Plus épique (A Bird Of No Address) que psychédélique, esthétique auquel le groupe n’a jamais totalement dérogé, Born Horses (le disque, mais aussi le titre) se vit comme une traversée en solitaire sur les projections qu’on lui prête, éclairées d’une lumière jazzy soyeuse comme tout – trompette, basse, rythmique (Ancient Love). C’est un album qui se contemple, profond et chaleureux, qui se refoule aussi. Mais qu’on ne s’y trompe pas car, je l’atteste sur l’honneur, il imprime aussi bien que Deserter’s Songs – il suffit juste d’y revenir pour que tout refasse surface.

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Patterns, Everything I Thought I Had Lost, Your Hammer, My Heart

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