Mendelson – ‘Sciences Politiques’

Mendelson – ‘Sciences Politiques’

Album / Ici d’Ailleurs / 31.03.2017
Chanson – rock francophone

Quatre ans après son gargantuesque et cauchemardesque triple album, Mendelson revient en cette période pré-électorale, et ce n’est sans doute pas le fruit du hasard si ‘Sciences Politiques’ paraît maintenant. Il fait forcément écho à une actualité plus moribonde que jamais. Néanmoins, après quelques titres écoutés, on perçoit un peu de lumière. Enfin, n’allez pas croire que Pascal Bouaziz est un nouvel homme et qu’il a laissé son jean pour le moule bite de Katerine. Non… mais quand même… Déjà sur son récent album solo ‘Haïkus’ sorti l’an dernier, il commençait à lâcher un peu de lest en chantant presque comme un pinçon. On a cru un moment que Mendelson avait viré sa cuti ! C’est raté : on est toujours en banlieue, en zone péri-urbaine, quelque part du coté de Combs-la-Ville. Rien n’a changé, enfin si… Les pauvres, les migrants, les invisibles s’amassent toujours plus dans des baraquements aux abords du périph, et les soupes populaires font un carton en attendant un hypothétique soulèvement…

La chanson politique n’a rien à voir avec l’idée de chanson engagée, trop bête, trop limitée, trop restrictive dans la durée‘ se plaît à dire Pascal Bouaziz. Chanson engagée ou pas, Mendelson rappelle dans quelle bassesse on est tombé, dans quelle misère morale chacun de nous se complaît à vivre là-dedans… ‘Nous sommes tous des putes‘ nous rappelle t-il sur ‘Le capitalisme’.

On ne peut pas dire que Mendelson était coutumier de la reprise. On se souvient de ‘Seul au sommet’, reprise très personnelle d’un titre de Randy Newman. C’est maintenant chose faite puisque tous les morceaux de cet album le sont dans des versions très personnelles. L’exercice est original et le résultat surprenant. L’écriture est juste, puissante comme souvent chez Mendelson. ‘Youth Against Fascism’ devient ‘La nausée’. ‘It’s the song I hate, it’s the song I hate’ se transforme en ‘toujours la même chanson, toujours la même musique, toujours la même rengaine, toujours la même panique’. On croisera donc du très beau monde sur ce disque sans forcément s’en rendre compte… The Stooges, Lou Reed, Robert Wyatt ou encore Alan Vega. La musique de Mendelson – pesante, mutante aux accents parfois jazz-rock, punk, pop sirupeuse – sied parfaitement à cette réalité nauséeuse. Heureusement, le second degré n’est jamais bien loin. ‘Les héritiers’ – pastiche de la chanson engagée qui ne croit plus à l’ascenseur social, plombé par un déterminisme pauvres / riches, sur la musique de ‘Men of good fortune’ de Lou Reed – est pour le coup très drôle. Tout aussi décalé, ce vétéran manchot sur ‘La dette’ passant son temps à faire la manche dans le métro, se fait gauler chez Darty en train de voler et se retrouve tabassé par la police… Tiens, ça nous rappelle un truc…

On oscillera donc à l’écoute de ce disque et selon notre humeur entre effroi et sourire, entre grosse déconnade et calque d’une effroyable réalité. Il y a 20 ans sortait le premier album, ‘L’avenir est devant’. Mendelson était déjà très optimiste… On l’est tout autant pour ‘Sciences politiques’.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE

‘Le Soulèvement’, ‘La nausée’, ‘Les héritiers’, ‘La dette’


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