12 Mar 12 Memoryhouse – « The Slideshow Effect »
Album
(Sub Pop)
27/02/2012
Pop mélancolique
Bien ancré dans son époque où les possibilités offertes par Internet sont aussi importantes que le talent, le duo Memoryhouse revient avec un premier album faisant suite à une flopée de singles remarqués sur la toile. Depuis leurs premiers faits et gestes, les Canadiens marquent par leur charme, fait de fragilité, d’imperfection et de candeur. En parallèle, leur collaboration avec le clipper Jamie Harley leur permit de peindre un cocon plein des douceurs pastels de la chaste adolescence.
Or, la sortie de l’EP »The Years » – un rework de leurs précédentes productions – annonçait un virage flagrant vers des compositions plus orchestrées et, par conséquent moins innocentes. »The Slideshow Effect » confirme cette direction prise dès son introduction. Si certains apprécieront cette instrumentation luxuriante, les autres regretteront la spontanéité des débuts. Hormis l’efficace et vigoureux »The Kids We Wrong », indie-rock dans l’âme, Memoryhouse s’aventure dans une pop onirique où la mélancolie règne. De ces paysages feutrés éclate la voix incroyablement pure de Denise Nouvion qui ne manquera pas de faire chavirer les âmes les plus sensibles. Néanmoins, difficile de ne pas éprouver un profond ennui à la sortie de ces dix titres. A la différence de la machine à tubes Beach House ou des fiévreux Youth Lagoon, Memoryhouse souffre de sa sophistication nouvelle. Seule l’ultime »Old Haunts » vient – enfin – troubler ces eaux bien trop propres.
Cet album est, de fait, frustrant car le talent ne manque pas chez Memoryhouse. Seulement ici, l’excès de production n’est pas sans évoquer un certain snobisme, loin de la timidité virginale des débuts. Fidèle à sa démarche initiale, le groupe vient d’offrir un pendant visuel à cet album et, de nouveau, tout est beau mais rien ne transpire. Si ce plongeon en pleine torpeur n’est pas désagréable, l’expérience vire au coma profond. À trop jouer les vierges, Memoryhouse donne surtout envie de tâcher l’immaculée conception. Désormais dans l’attente d’assister à l’un de leurs concerts bien assis confortablement, nous allons patienter en matant une orgie de nonnes lubriques.
No Comments