Maxwell Farrington & Le SuperHomard – ‘I Had It All’

Maxwell Farrington & Le SuperHomard – ‘I Had It All’

EP / Talitres / 20.05.2022
Pop baroque

Sans grande objectivité, la rencontre entre Maxwell Farrington, frontman de Dewaere, et Christophe Vaillant, tête pensante du SuperHomard, nous a été vendue l’an passé telle un scénario à la Lubitsch, un mariage royal. De cette surprenante union est né un premier enfant, Once, sorti chez Talitres puis, dans la foulée, le baptême a été organisé en grandes pompes. Le Prix de Diane, ou presque, tellement il y avait du beau linge : Burt Bucharach y a été aperçu en train de fumer des clopes en douce derrière l’église et Neil Hannon squatter l’open bar comme un mort de soif. Certains disent même avoir vu Lee Hazlewood et Scott Walker s’écharper comme des chiffonniers sur fond de parrainage, avant d’être séparés par Frank Sinatra, le seul et unique godfather qui vaille. Nous, on n’a pas été invité et, finalement, ce n’est peut-être pas plus mal.

I Had It All, leur deuxième rejeton, recevra sans nul doute le même accueil que son grand frère. Ce nouvel EP, au pedigree parfait, sera forcément célébré car statutaire et preuve indéniable de bon goût. Ici, il relancera le débat. La justesse de l’exercice de style du crooner australo-briochin en Barbour et du dandy avignonnais en cardigan ne sera jamais remise en question, bien qu’elle interroge. A choisir, devons-nous préférer une contrefaçon solaire ‘à la manière de’, ou un original crédible mais bancal ? Où s’arrête l’hommage et où commence le plagiat ? La discussion reste ouverte et pourrait s’avérer aussi longue qu’un jour sans pain.

Après, il reste les chansons. I Had It All et Donna, baroques à discrétion et à l’élégance rare, sont de réelles réussites mais pêchent par leur manque d’authenticité (l’hypertextualité, partout, tout le temps). Change Direction, réelle et moins ampoulée, nous séduira plus. Seule Two Hopeful Lovers frappera directement au cœur. Le tout, au final, nous rappellera les romans de Milan Kundera : précis dans le fond et la forme, classieux et bien écrit, mais globalement trop maniéré, voire présomptueux.

Même s’il est difficile de reprocher quoi que ce soit à ce second disque, car sa qualité est indiscutable, I Had It All laisse en bouche un goût doux-amer de réussite calculée et sans surprise. Farrington et Vaillant sont des orfèvres et des faussaires brillants, personne ne pourra le nier. Leur tendance à un peu trop se lisser la fourche pourra certes irriter mais, incontestablement, les deux compères maîtrisent leur sujet. Le problème, c’est qu’ils n’arrivent pas à nous toucher. Ou alors trop peu. A vaincre sans péril, c’est connu, on triomphe sans gloire.

ECOUTE INTEGRALE

A ECOUTER EN PRIORITE
I Had It All, Two Hopeful Lovers, Donna, Change Direction


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